Collection Saúl Yurkievich, à la croisée des arts
Pour sa première dispersion d’art latino-américain, la maison Ader cède la collection de Saúl Yurkievich, figure importante de l’histoire culturelle argentine.

Quatre-vingts œuvres – des tableaux que complètent quelques photographies – racontent les échanges entre les peintres et le critique d’art, poète et professeur de lettres à la Sorbonne, spécialiste de Jorge Luis Borges, et exécuteur testamentaire de son ami Julio Cortázar, figures majeures de la littérature sud-américaine, et mondiale, au XXe siècle. Né à La Plata, dans la province de Buenos Aires, Saúl Yurkievich (1931-2005) résidait en France depuis 1966 et fut l’un des acteurs de la rétrospective consacrée à la création latino-américaine au Centre Pompidou en 1992. Outre les œuvres du Grupo Si, branche locale de l’avant-garde argentine des années 1960, cet ensemble réunit des productions plus confidentielles, de la figuration à l’abstraction, entre ébauches et œuvres abouties. «La peinture a ce pouvoir de révéler au monde les créations issues de notre imaginaire», écrivait le poète et universitaire dont l’inspiration littéraire se nourrissait de la peinture. Le tableau le plus attendu est un acrylique de César Paternosto, de 1974, Three Vertical Panels (voir photo). Salué par Pierre Restany en 1964, le peintre est reconnu la même année par Yurkievich comme le peintre de la «figuration géométrique» dans un article pour le journal de La Plata. À ses côtés sont annoncés des toiles et des dessins des amis de l’auteur : Nelson Blanco, Alejandro Puente, Hugo Soubielle, Julio Silva, Luis Tomasello, Fernando Maza, pour lesquels une centaine à 5 000/6 000 € sont prévus. Trente tableaux provenant de l’atelier du peintre et poète Eduardo Jonquieres, dans le quartier de Montparnasse où il résidait depuis 1962, sont annoncés entre 500 et 2 000 €. L'occasion d'une plongée dans l’univers de cet artiste formé aux beaux-arts de Buenos Aires, venu à l’abstraction géométrique en 1952. En 2006, une donation de trente-cinq œuvres bénéficia au Museo de arte contemporaneo latino-americano de La Plata, qui devint la «Colección Jonquieres».