Le musée d’Orsay célèbre les 150 ans d’un événement incontournable de l’histoire de l’art : la première exposition impressionniste de 1874. L’acte de naissance de ce mouvement novateur est également le fondement d’un mythe historiographique.
S’ils avaient été contemporains de Samuel Beckett, les artistes impressionnistes auraient pu adopter une de ses célèbres citations : « Jamais rien d’autre. D’essayer. De rater. N’importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. » Après avoir essuyé des échecs répétés au Salon officiel, ponctués de trop maigres victoires, des compagnons d’infortune décident alors de se regrouper en une association, la « Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs », et d’organiser une exposition par eux-mêmes et à leurs frais, hors du circuit académique reconnu. Plus de cent soixante œuvres sont ainsi présentées, du 15 avril au 15 mai 1874, dans l’ancien atelier du photographe Nadar au 35, boulevard des Capucines, à Paris. Si l’on en croit l’historiographie, l’exposition a été catastrophique sur le plan économique. Il est des chiffres qui font en effet difficilement illusion. Sur les cent deux numéros proposés à la vente, seuls quatre trouvent preneur, et leur produit ne couvre pas les coûts d’organisation. À l’issue de la manifestation, chaque exposant voit peser sur ses épaules une dette qui s’élève au triple de la cotisation initiale. Il n’y a pas…
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