Belle histoire de sororité artistique

Nouvelle reconnaissance pour les femmes artistes ! La Gazette ne peut que s’en réjouir, ayant largement contribué à mettre en avant la redécouverte du travail des sœurs Lemoine, Marie-Victoire (1754-1820), Marie-Élisabeth (1761-1811), la cadette, et Marie-Denise (1774-1821), qui pour se démarquer peignait sous le nom de Nisa Villers (voir Gazette no 6 page 13 et n° 10, page 30). Leurs œuvres sont fraîches et charmantes par leurs sujets mettant en scène des instants de bonheur filial, des enfants jouant et des portraits délicats, mais aussi parfaites d’exécution, appartenant tout à fait à leur époque. L’aînée l’emportait logiquement, à 167 640 €, avec ce Portrait présumé de Marie-Geneviève Lemoine avec sa fille Anne Aglaé Deluchi, dans un parc à l’huile sur toile, soit un record français et un troisième prix sur le marché mondial de l’artiste (source : Artnet). Le second mérite de cette vente est d’avoir permis de réattribuer à Marie-Élisabeth une toile d’une qualité n’ayant rien à envier à celle de sa grande sœur. Son Portrait présumé d’Henri Gabiou, avec une charrette de jeux, jouant à faire des bulles, signé et daté 1791 (reproduit page 31 de la Gazette no 10 du 15 mars), décrochait 83 820 € et pour sa part un record du monde (même source) ! Ces tableaux, ainsi que le Portrait présumé de Madame Larsonnier, née Edmée Gabiou, sœur de Rosalie Ferry, en petite fille avec un vase de fleurs étrusque, également de la main de la deuxième (31 750 €), traduisent tous des moments de félicité familiale. On comprend pourquoi elles ne s’en sont jamais séparé d’autant que, grâce à Joseph Baillio, premier historien à s’être intéressé à elles, on sait qu’elles vivaient très confortablement de leur art. Un objet parlant à l’intimité créatrice a également séduit. Il s’agissait d’une table d’aquarelliste, et très probablement de celle figurant dans l’Autoportrait au chevalet attribué à Marie-Victoire. Vendus ensemble, ils recevaient 25 400 €. Ce nouveau pas de deux prenait fin sur un succès mérité et permet d’espérer d’autres redécouvertes.