Flamand jusqu’à l’os, le peintre le plus coté de Belgique nous a reçus dans son atelier anversois, impeccable et hanté par une dizaine de toiles récentes, visibles désormais à Paris chez David Zwirner.
Dans une ruelle du centre d’Anvers, proche du zoo, derrière une façade en briques d’un gris dense – presque noir –, une ancienne blanchisserie dessine de plain-pied un cube immaculé. Au plafond, des puits percés à intervalles réguliers laissent passer la lumière du Nord, remplacée en hiver, quand elle vient à manquer, par des néons droits et discrets. Plus net que flou, le lieu, rempli de tableaux achevés, ressemble moins à un atelier qu’à une galerie. Luc Tuymans, 63 ans, colosse en habit sombre posant sur tout le même regard azur et dur, l’occupe depuis 2006 avec modération, un jour par semaine – le jeudi ou le vendredi sauf exception –, après des mois de recherches menées dans son vaste bureau, près du port. «Tout est formulé, analysé à fond en amont. Je ne veux pas penser quand je peins», lâche-t-il en tirant sur une énième cigarette du bout de ses doigts aux ongles rongés. Cet état second où la main se substitue à la tête peut durer, parfois, quatorze heures d’affilée. Les trois premières sont un supplice, les autres, une pure formalité pour le traqueux vaniteux. Redouté, programmé, le moment du faire, quand il vient, file. Sans musique ni assistant, l’artiste compose alla prima , d’après une image source stockée sur son iPhone…
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