Les objets mobiliers et œuvres d’art n’ont pas été les seules victimes des spoliations opérées pendant la Seconde Guerre. Les livres sont également concernées, et à une échelle autrement plus considérable.
Les chiffres sont éloquents. Si les spécialistes estiment à 100 000 le nombre d’objets culturels et de biens mobiliers volés entre 1940 et 1945 en France, celui des livres, spoliés à des milliers de bibliothèques privées et à plusieurs centaines de bibliothèques associatives, pourrait quant à lui représenter entre 5 et 10 millions, sur un total de 12 millions de livres pillés et déplacés dans l’Europe entière, selon Martine Poulain. Dans l’immédiat après-guerre, 60 000 objets sont revenus d’Allemagne en France, mais pas plus de 2 millions de livres furent effectivement récupérés à la fin des années 1940, soit à peine 20 % des volumes pillés sous l’Occupation. Entre 1945 et 1950, une sous-commission des livres de la Récupération artistique a été mise en place, dirigée par l’historien et membre de l’Institut de France Camille Bloch et organisée par la bibliothécaire Jenny Delsaux qui, dans ses souvenirs en 1976, évoque cette «effarante dispersion des ouvrages». En cinq ans, cette sous-commission, pour laquelle travaillent six bibliothécaires, quarante-deux collaborateurs-trieurs, quatre magasiniers et quatre dactylographes, permet de restituer au moins 380 960 ouvrages spoliés à leurs anciens propriétaires particuliers ou ayants droit.
Joseph-Marie…
com.dsi.gazette.Article : 20021
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