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La félicité familiale à la romaine selon William Bouguereau

Publié le , par Philippe Dufour

Avec la vision idyllique d’une famille de l’Antiquité, le peintre français inaugure une carrière académique au succès fulgurant.

William Adolphe Bouguereau (1825-1905), Scène romaine, 1855, huile sur toile, signée... La félicité familiale à la romaine selon William Bouguereau
William Adolphe Bouguereau (1825-1905), Scène romaine, 1855, huile sur toile, signée et datée vers le bas à gauche, 110 81,5 cm. 
Estimation : 250 000/300 000 

Dans cette Scène romaine brossée en 1855 par William Bouguereau, on voit une mère dans l’ombre d’une pergola serrant sur son sein un nourrisson, tandis que l’aîné, blotti contre elle, hésite à la quitter pour rejoindre son père assis sur le seuil de la demeure. Loin d’une réalité historique un peu différente, où régnait un pater familias tout-puissant, l’œuvre relève d’une conception fantasmée des premiers temps de Rome, longtemps perçus comme un âge d’or pétri de simplicité et de félicité. Participant également de la douceur enveloppant la scène, la palette utilisée par l’artiste joue sur des tons saturés, du bleu intense du ciel à la peau bistre des personnages. Une composition s’inscrivant donc parfaitement dans le courant pictural dit «néo-grec», où excelle son rival Jean-Léon Gérôme, auteur en 1846 d’un fameux Combat de coqs (musée d’Orsay) aux mêmes caractéristiques formelles. Dans cette période de jeunesse – et après l’obtention du prix de Rome en 1850 avec Zénobie retrouvée par les bergers sur les bords de l’Araxe (Beaux-Arts de Paris) –, Bouguereau cherche encore sa voie, avant d’adopter définitivement son fameux rendu lisse, quasi photographique. Ce style devait faire de lui une vedette incontestée de la peinture académique, applaudie des deux côtés de l’Atlantique pour ses grandes machines mythologiques et ses portraits de fillettes pauvres… Quant à notre Scène romaine, plus intimiste, elle fut achetée directement au peintre par la famille Saint-Affrique, avant de parvenir par descendance aux propriétaires d’aujourd’hui. Par un heureux hasard du calendrier, deux études du tableau sont réapparues il y a peu sur le marché de l’art, dont l’une très achevée montrant le père tendant les bras (55 46 cm). Vendue 47 880 $ (44 741 €) à New York le 26 janvier dernier, il s’agit là du travail d’atelier sans doute préparatoire, puisque l’on retrouve l’homme dans la même attitude que sur la toile, mais assis sur un tabouret de modèle et cette fois sans drapé cachant sa nudité. Il existe également une aquarelle reprenant avec précision la scène (36,8 25,4 cm) qui a été adjugée 13 750 $, le 28 avril 2022 (12 848 €), chez Revere Auctions à Saint Paul (Minnesota). Notre œuvre n’est donc pas isolée, ni une inconnue : on la retrouve bien répertoriée sous le n° 1855/08 dans le monumental Catalogue raisonné de l’œuvre peint, établi par Damien Bartoli et Frederick C. Ross (Antique Collectors Club, 2010).
 

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