Une étude du premier et une feuille du second montrent comment les artistes des siècles passés allaient puiser leurs sujets dans les récits les plus inspirés.
Objet d’une rare étude laissant entrevoir une composition désormais disparue – et seulement connue par la gravure d’un contemporain –, la fille de Caractacus retenait 175 260 €. La peinture a fait l’objet du Coup de cœur de la Gazette n° 10 (voir l'article La fille de Caractacus imaginée par Füssli, page 26). L’histoire de son père – héros breton ayant tenu tête à l’empereur Claude et qui, par sa bravoure et sa droiture, obtint la grâce du césar pour lui et les siens – y était racontée. Pour cette étude, Johann Heinrich Füssli a choisi de rendre grâce à la jeune femme, sacrifiée malgré elle et prête à accepter la sentence. Füssli, peintre de l’âme, des rêves et du fantastique, a parfaitement réussi à transcrire cet instant de tension ultime. Rehaussée de blanc, une petite feuille d’Anne-Louis Girodet, Les ombres entraînent Oscar dans le palais des nuées de Trenmor, traitée à la pierre noire, plume et encre brune, saisissait 110 490 € — une jolie surprise. Le dessin est tiré des chants poétiques d’Ossian, «collectés» par James Macpherson comme les œuvres d’un barde écossais du IIIe siècle. Publiés en français en 1777, ils connaissent aussitôt un vif succès auprès des artistes. Le baron Gérard et Girodet s’en emparent, le second livrant une confrontation avec le monde des esprits, un choc de deux univers, magnifié par le célèbre tableau Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté, réalisé vers 1800 (château de La Malmaison). Les porcelaines de Sèvres constituaient l’autre chapitre attendu. L’écritoire commandée par la duchesse d’Orléans à la demande de sa belle-sœur Marie-Isabelle d’Espagne (voir l'article Un présent royal en porcelaine de Sèvres de la Gazette n° 11, page 67) était déposée à 48 000 € et un cabaret sur fond d’or, duquel des profils peints par Joseph Deutsch se détachaient dans des réserves, à 73 660 €. Créé durant l’année 1812, cet ensemble, composé d’une théière, d’un pot à lait, d’une jatte à fruits et de six tasses à thé avec leurs sous-tasses, bénéficiait également d’une provenance prestigieuse, ayant été offert par l’impératrice Marie-Louise à la comtesse de Brignole, l’une de ses dames d’honneur.