Lorsque peintures et objets participent à un roman d’aventures qui trace un oléoduc de la Sibérie au Texas. On y croise les frères Nobel et quelques-uns des plus grands noms des arts français.
Le regard bleu acier de Jacques André et non pas bleu pétrole transperce la toile de Bernard Boutet de Monvel. Le peintre et le modèle se connaissent bien, leurs pères se fréquentant déjà avant leur naissance. Une question de milieu, certainement. L’artiste livre ici son premier grand portrait mondain, ainsi que Stéphane-Jacques Addade, le spécialiste du peintre, nous l’apprend (voir page 16). Jacques pose devant le château familial de la Frogerie, en Sologne, une demeure construite entre 1890 et 1892 par son grand-père, puis agrandie en 1904 par son père, Alexandre André, dans le style Belle Époque alors en vogue. Qui sont donc les André ? Rien de moins que les premiers importateurs de pétrole en France.
Anonyme, Bernard Boutet de Monvel peignant le portrait de Jacques André à la Frogerie, tirage argentique, 1902. © Stéphane-Jacques Addade
Pétrole et vieilles dentelles Flash-back. Au décès de son père, Alexandre André (1845-1918) reprend l’affaire de rubans et dentelles. Et ce qui commence comme une banale histoire d’héritage familial va rapidement se transformer en une véritable aventure, qu’un Jules Verne aurait pu se plaire à imaginer tant il ne manque ni science, ni rebondissements, ni audace, ni esprit. Les André maugréent contre les huiles végétales (on utilisait alors de l’huile d’olive ou de colza) lubrifiant les métiers à tisser ; brûlant aux environs de 100 degrés, elles entraînent échauffements, casse des pièces, risques d’incendie, accidents multiples et, évidemment, des retards dans la production. Alexandre entend parler d’huiles extraites en Russie on parlait alors de «naphtes» ou d’«huile minérale russe» qui peuvent supporter jusqu’à 900 degrés. Intrépide, curieux et visionnaire,…
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