Flamboyant, obscur, éclatant d’or ou de couleur, le Soleil habite toutes les civilisations. Sa représentation à travers les âges permet au musée parisien de célébrer les 150 ans de l’hypnotique Impression soleil levant de Claude Monet, joyau de ses collections. Tel un manifeste, placée au seuil de l’exposition, la toile contemporaine de Vicky Colombet Rising Sun # 1476, issue de sa série «Monet», renvoie à l’inspiration du maître de l’impressionnisme. Jouant des contraires, orchestrant de francs et nerveux pigments, l’artiste instille à l’astre une transparence volatile et inaugure un voyage qui, au fil d’une centaine d’œuvres et objets d’exception, embrasse, depuis l’Égypte ancienne jusqu’à nos jours, les codes, croyances, symboles, mystères et découvertes attachés à l’astre solaire. Le défi est de taille tant ce parcours chronologique enjambe le temps à grands pas. Mais le choix rigoureux et l’exceptionnelle qualité des œuvres réunies par Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée, et Michael Philipp, conservateur en chef au musée Barberini de Potsdam, tissent une sensible narration aux nombreux coups d’éclat. Parmi eux, les rares lames de tarot d’Antonio Cicognara (fin du XVe siècle), la représentation de l’astre provenant du traité d’alchimie Splendor Solis (XVIe) ou encore l’ornement de harnais par Johann Melchior Dinglinger (XVIIIe), serti de cristal de roche et de quartz taillé en rose. Bientôt, l’éblouissant Regulus de William Turner inonde l’espace d’une brume diffuse, tandis que l’éblouissant Soleil d’Edvard Munch explose de couleur. Et, quand Paul Signac couche le port de Saint-Tropez dans le jour qui s’étire, Félix Vallotton fait de l’horizon une frise d’or entre chien et loup. Aériens, Miró et Calder répondent à un Gérard Fromanger qui, de cercles en aplats, entend rafraîchir le monde. Ainsi s’embarque-t-on ici pour une fascinante et solaire traversée dont chaque escale sert, entre art, science et philosophie, la lumière de nouvelles découvertes.
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