Le Kunstmuseum de Bâle retrace la visite que le monstre sacré de la littérature russe effectua en ses murs en 1867. Foudroyé à la vue du Christ mort de Hans Holbein, l’auteur a parsemé L’Idiot de références à ce chef-d’œuvre dont l’effet de réel était sans précédent au XVIe siècle.
Conservateur des peintures de maîtres anciens au Kunstmuseum de Bâle, Bodo Brinkmann aime mettre les beaux-arts en perspective avec la littérature. En 2007 déjà, il concluait le catalogue d’une exposition consacrée à Hans Baldung Grien par une étude croisant les thèmes de la frustration sexuelle et de l’autoportrait dans les œuvres de l’artiste et de Michel Houellebecq. Un double jubilé lui permet désormais de confronter Hans Holbein le Jeune (vers 1497-1543) à Fiodor Dostoïevski (1821-1881), puisque le premier peignait son Christ mort à Bâle il y a cinq siècles, tandis que le second naquit à Moscou trois cents ans plus tard. Face au tableau qu’il découvre alors qu’il prépare son roman L’Idiot , Dostoïevski cède au syndrome de Stendhal et frôle la crise d’épilepsie. Ce célèbre épisode de la vie du Russe confirme le potentiel subversif d’une œuvre qui, affranchie des conventions de représentation de son temps, détonne par sa radicalité. Le Christ mort… À l’évocation du nom de Holbein le Jeune, le canon de beauté italianisant de sa mythique Madone de Darmstadt ou ses portraits de bourgeois bâlois et de courtisans anglais…
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