Jean-Baptiste ISABEY (1767-1855)
Projet pour Sèvres : la table de la famille impériale, 1811
Aquarelle gouachée, plume et encre noire.
Forme ronde découpée.
D. 35,5 cm
Bibliographie : Basily-Callimaki, J.-B. Isabey, sa vie, son temps, 1767-1855, suivi du catalogue de l'oeuvre
gravé par et d'après Isabey, Paris, 1909, p.254. Tamara Préaud, "Isabey à la manufacture de Sèvres",
dans Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), portraitiste de l'Europe, catalogue de l'exposition, Rueil-Malmaison,
Nancy, 2005, p. 70.
OEuvre en rapport : Jean-Baptiste Isabey, projet de secrétaire de la famille impériale, aquarelle et encre
sur papier, manufacture nationale de Sèvres.
La manufacture impériale de Sèvres a connu sous le Premier Empire une période de développement
exceptionnel grâce au mécénat de l'Empereur qui, toujours soucieux du rayonnement de la France, en fit
un outil de propagande de premier plan.
Les guéridons, mobilier d'apparat par excellence, relèvent exclusivement de la commande impériale.
Sur les six mis en chantier sous l'Empire, quatre sont ordonnés par Napoléon le 21 avril 1806 : la table de
la famille impériale, jamais terminée ; celle dite "des maréchaux", livrée en octobre 1810 et conservée à la
Malmaison ; une troisième ornée des grands capitaines de l'antiquité, achevée en 1812, aujourd'hui dans les collections royales britanniques ; enfin un guéridon avec les principales statues antiques du musée
Napoléon, meuble qui fut achevé sous Louis XVIIIe après avoir été largement modifié.
La table de la famille impériale, la première commandée
par l'Empereur, la plus importante en taille et en prix,
doit montrer le couple impérial en son centre, entouré
des membres de la famille. De nombreux documents
conservés dans les Archives de la Manufacture et aux
Archives Nationales permettent de reconstituer cette
commande. Alexandre Brongniart, directeur de la
manufacture impériale de Sèvres et maître d'oeuvre
de l'ambitieux projet, souhaite tout d'abord faire
représenter une scène unique sur un plateau circulaire
d'au moins un mètre de diamètre. Il s'adresse pour
cela à Louis-Léopold Boilly, qui réalise trois esquisses
au lavis conservées aujourd'hui dans des collections
particulières. Les difficultés rencontrées par le peintre
pour se procurer des portraits ressemblants le font
finalement renoncer au projet.
Le divorce de Napoléon en avril 1810 met en suspens le
projet de la table. La naissance du roi de Rome en mars
1811 relance l'intérêt de l'Empereur.
Les difficultés rencontrées par la manufacture pour
produire une très grande plaque de porcelaine parfaitement
plane et sans défaut font d'autre part renoncer
Brongniart à l'idée de faire reproduire une scène
unique sur le plateau. Il préfère le couple impérial
dans une scène centrale plus petite, entourée des
membres de la famille dans des médaillons. A la place
de la table, Brongniart propose à Napoléon un secrétaire.
Comme pour la table, le meuble doit recevoir
des bronzes dorés réalisés par Thomire et la face doit
être intégralement couverte de porcelaine.
Brongniart se tourne alors vers Jean-Baptiste
Isabey, qui vient de terminer les peintures de la
table des maréchaux. Depuis longtemps proche de
la famille impériale, premier peintre de la Chambre
de l'Impératrice, peintre des relations extérieures,
dessinateur du Cabinet du Grand Chambellan, peintre
de la manufacture de Sèvres et des théâtres impériaux,
décorateur en chef de l'Opéra, le miniaturiste pourra
à la fois peindre le dessin préparatoire et les plaques
de porcelaine.
Le projet de secrétaire ne convient pas à Napoléon qui
réitère son souhait de voir réaliser un guéridon. Cette
fois Brongniart ne perd pas de temps et définit avec
Isabey un projet de table dont le miniaturiste achève
l'esquisse préparatoire en septembre.
Le dessin que nous présentons est certainement le dessin
qui fut présenté à l'Empereur le 20 novembre 1811 et
qui fut approuvé. On sait que ce dessin représentait le
plateau et qu'il était encadré. Sur le dessin du secrétaire
figurait la mention officielle "par la manufacture
impériale de porcelaine de Sèvres". On ignore si
une inscription figurait également sur le dessin du
guéridon. Sans doute originellement de forme carrée,
il a été découpé le long du pourtour ultérieurement. Sa
conception reste très proche de celle du secrétaire. On
y retrouve les mêmes portraits, légèrement agrandis. Il
est possible que la partie ornementale ait été réalisée
par un artiste de Sèvres, possiblement Brongniart,
Isabey se réservant les portraits.
Au centre sont figurés Napoléon et Marie-Louise dans la
grande
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