Une quinzaine de maquettes de compagnons charpentiers sont proposées dans cette dispersion, mais aucune n’égale celle de Louis Mazerolle. Et pour cause, puisque Bourbonnais Va de Bon Cœur avait été surnommé «le maître des maîtres ». Né à Chantelle, dans l’Allier, il monte à Paris vers 1865 ; renommé pour sa maîtrise du trait art qu’il enseignera pendant vingt-sept ans et pour la qualité de son taillage, Mazerolle devient à 24 ans le gâcheur (contremaître) du grand chef-d’œuvre des Soubise du nom du moine bénédictin de l’abbaye du Mont-Cassin qui aurait transmis l’art du trait à Bernard de Clairvaux , réalisé entre 1866 et 1884 par plus de deux cents compagnons. Ce dernier est conservé au musée de la Cayenne à Paris : il mesure 4,38 mètres de haut, pèse 600 kilos et fut récompensé à diverses expositions à Paris, Lyon, Bordeaux, Tours, Agen… Il s’agit sans doute du chef-d’œuvre de charpente le plus complexe jamais réalisé. Quant au nôtre, il pourrait attirer bien des convoitises. On ignore s’il a servi pour la réception de compagnon de Louis Mazerolle ou s’il s’agit d’un travail préparatoire à son Traité théorique et pratique de charpente, paru vers 1875. Il est réalisé principalement en noyer, avec quelques pièces en chêne de haute futaie, et est arrivé jusqu’à nous dans un remarquable état de conservation malgré quelques manques. Bien que non signé, l’ouvrage présente la lettre «M» traitée en perspective et intégrée sous le dôme. Il a été découvert par hasard, dans un tas de vieux bois par un brocanteur chargé de débarrasser un ancien atelier de charpente en banlieue parisienne. Les amateurs seront-ils prêts à faire feu de tout bois pour l’acquérir ? Réponse dans quelques jours…