De l’atelier du Maître de Flemalle, Robert Campin, cette Vierge à l’Enfant dans une abside est non signée.
S’il n’est pas celui assorti de la plus impressionnante estimation, la plus haute marche du podium étant prévue pour une Vierge à l’Enfant avec saint Georges et un ange musicien de Bernardino Luini, annoncée à 1,8/2 M€ (voir Avant-première, Gazette n° 35, page 20), ce tableau a quelques beaux atouts en main, malgré ses restaurations. Parmi eux et en premier lieu, son sujet : celui de la Vierge dans une abside d’architecture gothique ; un thème qui a connu un grand succès et sera même repris au XVIe, notamment par Bernard Orley. Au siècle de notre représentation, étaient également prisées, parmi les allégories mariales, celle de la reine des cieux allaitant, debout, au milieu d’anges musiciens. Enfin, la beauté de la Vierge et la sobriété de l’architecture ont les faveurs du public, comme développées par Jan Van Eyck notamment dans sa Vierge dans une église, probablement exécutée entre 1438 et 1440 et conservée à la Gemäldegalerie de Berlin. Mentionnons enfin que notre tableau est à rapprocher d’une œuvre du même sujet, peinte par Robert Campin et aujourd’hui disparue, mais dont la reprise la plus connue, exécutée vers 1480, est conservée au Metropolitan Museum de New York. Peintre tournaisien, bien qu’il ne semble pas y être né mais en être devenu citoyen en 1410, deux ans après y avoir été mentionné comme maître, Robert Campin (1380-vers1444) tient un atelier considérable et compte notamment parmi ses apprentis un certain Rogier Van der Weyden. S’il eut une vie mouvementée, on sait surtout que Campin fut l’un des premiers utilisateurs de la peinture à l’huile comme médium pour traduire la lumière, et que son style privilégie les contrastes. De son abondante production, il ne reste que de rares originaux, des retables et des portraits, et autant de copies peintes ou dessinées dans lesquelles l’on retrouve ses silhouettes fines, ses drapés retombant en lourdes et massives corolles. Une illustration du réalisme flamand, qui exerça une influence aussi bien dans les pays germaniques qu’en France.