Un galeriste d’art contemporain se penche sur l’épineuse histoire de ses confrères sous Vichy. Son audace est-elle celle d’un électron libre, ou participe-t-elle d’une prise de conscience générale ?
Q uelle mouche a piqué Frank Elbaz ? Avec une exposition intitulée «Des galeries sous l’Occupation», ce Parisien ouvre une page noire de l’histoire du secteur marchand. Rompu à l’art contemporain, il offre ses cimaises à un discours historique, à rebours de sa programmation. «Je suis Français. Je suis passionné par l’art. J’exerce un métier fait de vernissages, de tralala, de réceptions… Alors je pose la question : comment a-t-on pu faire ce métier tandis que l’Europe était à feu et à sang ? On se bat sans merci sur le front de l’Est. Les gens sont entassés dans des trains. Pourtant, jamais les commandes de champagne à Reims n’ont été aussi importantes, et les expositions d’art ou le marché florissants ! Qui peut-on espérer comme acquéreur, comme visiteur d’une exposition en 1942 à Paris ? Voilà les discussions que j’ai eues avec mes confrères : quel est le sens de notre métier ? Nous rencontrer à Bâle ou à la FIAC, vendre un tableau bleu et le mois prochain, un rouge ? Je ne peux pas passer ma vie à faire des expositions sur untel ou untel», s’emporte le galeriste, dont l’espace inauguré en 2002 semblait bien loin de ces préoccupations.
"Comment a-t-on pu faire ce métier de galeriste alors que l’Europe était à feu et à sang ?"
Les faits…
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