Alors que l’exposition Giorgio de Chirico devait ouvrir le 1er avril à l’Orangerie, c’est Paris confiné qui se transformait en toile chiriquienne, pour le plus grand bonheur de quelques promeneurs et photographes.
Comment ne pas penser aux villes désertes et pétrifiées de Giorgio de Chirico en arpentant mi-mars ce Paris vide de ses habitants, en regardant ce jeu des lumières et des ombres sur des rues, des places et des monuments rendus enfin à eux-mêmes ? Débarrassé des chuintements et stridences de la circulation et du flux des piétons martelant le pavé, Paris s’offrait, aussi neuf qu’irréel, aux rares égarés d’un monde dérogatoire. L’âme des villes C’est dans une ville que Chirico eut sa première « révélation », à Florence, sur la Piazza Santa Croce, à quelques mètres de la statue de Dante : « Le soleil automnal, tiède et sans amour, éclairait la statue ainsi que la façade du temple. J’eus alors l’impression étrange que je voyais toutes les choses pour la première fois. Et la composition de mon tableau me vint à l’esprit. » Ce tableau, L’Énigme d’un après-midi d’automne , est le premier d’une série où l’artiste essaie de capter l’énigme de l’image qui accourt et où s’impose le mystère métaphysique du « moment ». Dès lors, il multipliera les évocations de villes à l’architecture banale, élémentaire, « déchargée d’histoire », échos et appeaux de la révélation. Désertes,…
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