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O comme opale

Publié le , par Framboise Roucaute

Moins bourgeois et plus zen qu’il n’y paraît, l’art nouveau et sa belle utopie organique fait son retour sur la scène des arts décoratifs. Karmique, l’opale fut la pierre philosophale de ce mouvement éclair.

Louis Comfort Tiffany (1848-1933), broche «Libellule», 1904. © Tiffany & Co  O comme opale
Louis Comfort Tiffany (1848-1933), broche «Libellule», 1904.
© Tiffany & Co
Elle avait des yeux, des yeux d’opale/Qui m’fascinaient, qui m’fascinaient»… Jeanne Moreau chante, Jules et Jim l’écoutent. Des yeux d’opale, mais de quelle couleur ? Bleus, verts, violets, parfois tailladés d’orange et d’éclats roux. Étrange arc-en-ciel minéral brisé, selon Shakespeare, l’opale pourrait être toutes les pierres, un jour turquoise, veinée, terreuse, un autre noir d’onyx piqué d’orange, parfois laiteuse comme des boules à neige. Pierre fantasque, fascinante, elle doit son nom au sanscrit ( upala , «pierre précieuse»), talisman pour les Grecs, les Romains, les Arabes… Pierre amulette aussi pour ce qu’elle promet de bonheur et de fortune, capable de protéger du mauvais œil comme de rendre invisible. Enfin, c’est ce que prétend la légende ! Alors qu’au Moyen Âge on la canonise littéralement en la consacrant patronne des voleurs. L’opale ne se résume pas. Elle est plurielle et fossilise l’eau, microsphères incluses qui diffractent la lumière naturellement sans que l’intervention d’un lapidaire soit nécessaire pour la révéler. Pas étonnant alors qu’elle ait tant plu, dans les années 1900, aux joailliers frondeurs du moment, ces partisans d’un art nouveau qui l’aiment telle qu’elle est, non taillée, brute, mate, lissée par le temps, souvent ovoïde, parfois brisée. Elle participe de l’esthétique allégorique du bijou, aimée souvent pour ce bleu-vert marbré de brun qui…
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