Louis Poterat était céramiste en porcelaine et en faïence à Rouen. Histoire d’une réussite et d’une découverte.
En 1673, Louis Poterat, fils aîné d’Edme (1612-1687), reçoit de Louis XIV le privilège de créer une manufacture à Rouen afin de produire «toutes sortes de vaisselles, pots & vases de porcelaine semblable à celle de la Chine, & de fayence violette, peinte de blanc & de bleu». Ce vase de forme oblongue en camaïeu bleu, au beau décor armorié, appartient à cette seconde catégorie, inspirée des meilleures productions italiennes et nivernaises. Il semble d’ailleurs que, menant ses recherches tout en fabriquant incessamment et en élaborant les secrets de la porcelaine tendre, la famille Poterat ait produit des pièces de forme dont les modèles seyaient aussi bien à la faïence qu’à la porcelaine. De fait, il existe au château-musée de Saumur un exemplaire en porcelaine tout à fait similaire à ce vase, admiré à 63 000 €. Au début du XVIIIe siècle, le privilège s’éteint et les manufactures se multiplient. C’est le commencement d’une autre histoire, et d’un siècle qui voit également l’épanouissement de la porcelaine à Vincennes, Chantilly, Saint-Cloud… puis à Sèvres. Le vase «buire» daté 1766 soit l’année de l’apparition de cette forme dans les archives de la manufacture royale (voir l'article Sèvres, la porcelaine pour mine d’or), reproduit page 71 de la Gazette du 7 juin (no 22) s’inscrit dans cette continuité. Avec son décor en or sur fond bleu nouveau de sablé, cette œuvre d’un raffinement extrême, et de 29,5 cm de hauteur, partait à 18 270 €.