Au détour des ruelles aboutissant au majestueux pont Valentré, le musée Henri-Martin ne laisse en rien soupçonner la révolution qu’il entend mener. Rouvert depuis un an, il expérimente une nouvelle approche : le « musée lictionnel ».
Derrière son porche néo-roman, l’institution née en 1833 à l’instigation du département et de la société savante locale laisse présager un musée des beaux-arts des plus classiques. La municipalité en a décidé autrement, et nommait en 2019 Rachel Amalric à sa direction. L’ancienne conservatrice du musée de Millau défend depuis avec ardeur une muséographie qui construit du sens, centrée sur la matérialité des œuvres. Il fallait une personnalité de sa trempe pour faire renaître l’établissement fermé sept ans durant. Un chantier mené à grands frais (10 M€) lui offrait la possibilité d’inaugurer au printemps 2022 un édifice à la surface totale doublée (2 105 m 2 ), à l’espace d’exposition décuplé (1 000 m 2 pour 11 000 objets, tous restaurés ou, a minima , bichonnés), et à l’équipe quadruplée (de 4 à 17 agents). Adeptes des lignes claires, du béton et de l’acier corrodé, Martinez architectes redonnait du même coup son lustre à cette construction par ajouts et remaniements, du XV e au XIX e siècle. Il ne manquait plus qu’à la directrice de mettre en application sa vision d’un musée sensible, condition sine qua non de la transmission. « Le musée est avant tout une collection de traces matérielles…
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.