Le marché et une institution récompensaient les choix de Louis-Pierre Bresset, sous le regard empreint de compassion de la Vierge et du Christ.
Une quinzaine de pièces seulement, provenant du galeriste d’art médiéval Louis-Pierre Bresset (1902-1988) et sélectionnées par sa famille, étaient proposées aux enchères lors de ce volet dédié à la Haute Époque. Parmi celles-ci, dont quelques-unes mises en avant dans l’Événement de la Gazette n° 6 (page 11), la palme, non du martyre mais de la victoire, était décernée à ce Christ descendu de la croix par les anges. La sculpture en bois polychromé et doré a été réalisée dans les Pays-Bas méridionaux ou l’est de la France dans la seconde moitié du XVe siècle. L’œuvre atteignait 180 320 €, un résultat à la hauteur d’un sujet rare pour l’époque. De fait, ce thème développé lors de la Contre-Réforme n’allait vraiment se diffuser qu’au siècle suivant : l’image dévotionnelle devait permettre à celui qui la contemplait de méditer sur le mystère de la rédemption et l’inciter à la pénitence et à la conversion. Juste avant, le musée Crozatier du Puy-en-Velay ne s’y était pas trompé. En préemptant à 154 560 € l’une des deux Vierge à l’Enfant dites Sedes sapientiæ de la collection – l’autre recueillait 108 192 € –, il s’offrait celle que la spécialiste Jacqueline Liéveaux-Boccador, dans l’ouvrage sur la Statuaire médiévale de collection coécrit avec Édouard Bresset (éditions les Clefs du temps, 1972), qualifiait de sculpture des «plus parfaitement représentatives du symbolisme de cet art sacré du XIIe siècle». Les enchères se poursuivaient et demeuraient ferventes. En matière de peinture primitive, le triptyque de La Vierge à l’Enfant en trône entre saint François et saint Pierre (72,5 x 60 cm ouvert) sous le pinceau du Maître des Effigies dominicaines – travaillant à Florence entre 1325 et 1345 – partait à 87 584 €, et une autre image de la mère du Christ, cette fois entre saint Jean-Baptiste, saint Jean l’Évangéliste et deux anges (77 x 43 cm) et due au Florentin Niccolò di Pietro Gerini (vers 1368-vers 1415), à 65 688 €. À chaque fois, les expressions sont dignes et retenues et la dévotion imprègne les compositions. Une sainte femme lisant debout y veillait. La statue (h. 76 cm), exécutée dans l’atelier de Jan Van Steffesweert (vers 1460-1531), est caractéristique du travail de ce maître du Limbourg installé à Maastricht. En effet, il apportait un soin particulier aux vêtements et aux coiffes, insufflant une note de profane dans un océan de religiosité qui était reconnue à 48 944 €.