L’acquisition des archives du célèbre commissaire-priseur par l’Institut national d’histoire de l’art fait figure d’événement. Entrevue croisée avec Guy Loudmer et Sophie Derrot, responsable du patrimoine à la bibliothèque de l’INHA.
L’ensemble unique qui a rejoint en janvier la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art est en réalité constitué des fonds de trois commissaires-priseurs qui se sont succédé au sein de la même étude : Alphonse Bellier, Raoul Oury et Guy Loudmer. S’y ajoutent celui de la galerie créée par Heinz Berggruen, dont Guy Loudmer a repris les locaux, rue de l’Université. Couvrant une période étendue de 1903 au début des années 2010, ces archives, totalisant plus de 76 mètres linéaires, seront bientôt mises à la disposition des chercheurs et du public le délai de restriction de communication contraint celles de Guy Loudmer à demeurer inaccessibles pendant encore cinquante ans. Dossiers de ventes et de contentieux, photographies, correspondances, documents comptables, spoliations… : c’est un précieux chapitre du marché du XX e siècle qui est ici dévoilé.
Lettre de Marcel Duchamp au commissaire-priseur Alphonse Bellier le 4 février 1926, concernant la vente de la collection de tableaux de Francis Picabia qui sera faite à Drouot le 8 mars suivant. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet, Archives 162. © Michael Quemener, INHA, 2018
Qui a eu l’idée de cette acquisition ? Guy Loudmer : J’ai contacté l’INHA parce que je désirais quitter Paris. J’avais été sollicité par un autre organisme, mais il s’est trouvé qu’aux funérailles d’un de nos amis communs, le galeriste Albert Loeb m’a mentionné l’INHA. Finalement, tout a commencé au cimetière Montparnasse ! Pourquoi ce choix de céder vos archives à l’INHA plutôt que de vous inscrire dans la continuité en les laissant à un marchand ou à une étude ? G. L. : La réponse est dans la question. Il aurait été logique que tel commissaire-priseur, agissant dans des spécialités connexes aux miennes, me contacte, sachant qu’un jour ou l’autre la Camarde viendrait me chercher. Mais aucun ne m’a contacté : les commissaires-priseurs n’ont guère intégré la notion d’archives. Il était écrit que l’INHA et moi convolerions un jour en justes noces. Quelle est la politique d’acquisition de la bibliothèque de l’INHA ? Souffrait-elle de lacunes en matière d’histoire du marché de l’art ? Sophie Derrot : L’étude du marché de l’art connaît actuellement une…
com.dsi.gazette.Article : 5328
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.