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L'éclosion de la couleur dans un tableau de Nicolas de Staël

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 17 juin 2024 - 14:00 (CEST) - Salle 16 - Hôtel Drouot - 75009
Cet article vous est offert par la rédaction de la Gazette

Nicolas de Staël connaît en 1950 une période de maturation dans laquelle il impose une palette claire et des formes plus aérées. En témoignera cette composition, passée par seulement deux collections privées.

Nicolas de Staël (1914-1955), Composition à la nacre, 1950, huile sur toile, signée,... L'éclosion de la couleur dans un tableau de Nicolas de Staël
Nicolas de Staël (1914-1955), Composition à la nacre, 1950, huile sur toile, signée, 54 73 cm.
Estimation : 300 000/500 000 

© adagp, paris, 2024

Une œuvre de transition. C’est ainsi que peut être considérée cette Composition à la nacre, peinte en 1950 par Nicolas de Staël. Une création entre deux périodes de la courte et pourtant si réfléchie carrière de cet artiste, pionnier de l’abstraction en France. Elle se place en effet entre ses premières œuvres sombres et expressives, réalisées dans les années 1940, et celles aux mosaïques colorées de la fin de sa vie, à partir de 1952. En décembre 1951, il déclare déjà être « dans la couleur jusqu’au coude ». Pour l’heure, cette œuvre nous laisse admirer un délicat camaïeu de teintes d’une clarté pâle, allant du gris au bleu, en passant par le vert. Néanmoins, du fond de la toile semble surgir sous la matière un rouge soutenu, qui contraste avec l’ensemble de cette peinture en relief, à la douce surface calcaire que l’on aimerait toucher.
 

Bien connu des spécialistes de l’artiste, le tableau est référencé au catalogue raisonné de son œuvre établi par Françoise de Staël et a figuré dans plusieurs accrochages dont celui consacré au peintre en 1977 au musée Unterlinden à Colmar.


Seuls deux propriétaires ont eu la chance jusque-là d’admirer en privé cette peinture : Louis Frank et son épouse tout d’abord, qui l’auraient achetée directement auprès de l’artiste. L’œuvre ne quitta leur collection qu’à la vente de celle-ci, le 20 juin 2004 à Avignon chez Me Desamais, où ses propriétaires actuels, un couple de parisiens, l’ont acquise après un coup de foudre évident. Bien connu des spécialistes de l’artiste, le tableau est référencé au catalogue raisonné de son œuvre établi par Françoise de Staël (Ides et Calendes, Lausanne, 2021) sous le n° 260, et a figuré dans plusieurs accrochages dont celui consacré au peintre en 1977 au musée Unterlinden à Colmar. Comme l’explique Stéphane Lambert dans le catalogue de la très instructive exposition du musée d’Art moderne de Paris en 2023 (Nicolas de Staël. La peinture comme un feu), « dans l’espace agrandi de l’atelier de la rue Gauguet, les formats et les formes vont se déployer sous l’effet du volume où les œuvres voient le jour ». En 1947, l’installation dans ce nouvel espace vaste et lumineux, non loin du parc Monsouris, va orienter le peintre vers un éclaircissement manifeste de sa palette. Bientôt, il abandonne ses bâtonnets agencés dans une dynamique électrique pour se tourner vers des formes géométriques épurées et aérées, s’assemblant dans un esprit de communion : « Je fais le plus simple possible, et c’est ce qui est difficile pour moi », déclare-t-il alors. Conjointement s’impose un enduit plus dense et gras propice à cette union de la matière. Avec cette nouvelle mutation engendrée par un besoin d’apaisement et de respiration, Nicolas de Staël atteint une saine maturation.

Modernité
lundi 17 juin 2024 - 14:00 (CEST)
Salle 16 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
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