Il n’a pas fallu moins de quatre jours pour disperser, à l’hôtel Martinez, les lots de sessions principalement dédiées aux tableaux anciens, à l’art moderne et à la joaillerie.
Reproduite en couverture de la Gazette n° 29 (voir l'article Jean Dufy, un Normand à Stockholm), cette joyeuse vision de Stockholm, le port, fixée sur toile (50 x 61 cm) par Jean Dufy vers 1953-1954, a porté chance à la grande vente cannoise. Se détachant d’une sélection pointue d’œuvres du XXe siècle, la peinture – caractéristique du travail de l’artiste consacré aux ports d’Europe et d’Amérique – a finalement obtenu 69 000 € ; précisons qu’il porte la référence B 730 dans le catalogue raisonné établi par Jacques Bailly. Du même Dufy, l’on pouvait aussi décrocher, à condition d’en offrir 66 500 €, Calèches et cavaliers au bois de Boulogne (46,5 x 65,5 cm), des environs de 1950, une œuvre tout aussi fourmillante de personnages stylisés (n° B 393 du catalogue raisonné). Quant à la peinture plus ancienne, elle s’illustrait par un paysage de Camille Corot intitulé Trois personnages au marais, exécuté vers 1865-1870. La toile (25 x 33 cm), adjugée 46 350 €, est bien répertoriée dans le cinquième supplément à l’œuvre de Corot par Robaut et Moreau-Nélaton (Paris, 1905). Puis à 25 100 €, résonnait La Répétition avant le concert du Hollandais Lumen Portengen (138 x 173 cm). Du côté des pièces en volume, a brillé cet étonnant Rhinocéros bleu (voir l'article Un rhinocéros dévastateur de François-Xavier Lalanne reproduit page 72, Gazette n° 29), dû à l’imagination fertile de François-Xavier Lalanne… Il s’agit d’un bronze à patine émaillée bleue signé du monogramme, daté de 1981 et numéroté « 72/150 », aux éditions Artcurial (25 x 55 x 15 cm), qui a foncé jusqu’à 56 500 €. À ce chapitre, la véritable surprise venait des portes à parement et à deux vantaux – inspirées de celles du Baptistère de Florence – par Fernand Bielle. Réalisé entre 1940 et 1945 par cet orfèvre et ingénieur de Bayonne, l’ensemble (240 x 162 cm) s’orne de bandeaux ciselés en ronde bosse des principales scènes de la vie de Jésus-Christ, pour la plupart en argent et vermeil sur fond de lapis-lazuli. La pièce impressionnante devait trouver preneur à 72 800 €. Les bijoux étaient aussi de la fête cannoise, dont un virtuose bracelet de la maison Ferret en forme de panthère (voir Gazette n° 29, page 85). Transformable en broche, la parure (22 x 3 cm) est en or blanc articulé, entièrement sertie de diamants taille brillant, pour environ 25 ct, et tachetée d’émail noir. On la portait pour 30 750 €.