Collection Darius et Madeleine Milhaud : toute l’avant-garde en un salon de musique

Q uand Darius Milhaud s’installe au 10, boulevard de Clichy en 1923, c’est avec l’Amérique en tête. À 31  ans, le compositeur, qui aime à réunir ses amis chez lui, tenant salon le samedi, trouve une adresse qui deviendra un épicentre de la vie artistique. Lui qui voyage beaucoup, à Londres comme aux États-Unis, comme critique musical, chef d’orchestre ou même conférencier, tient à dresser un pont entre les cultures. Comme le souligne sa femme Madeleine dans ses mémoires ( Mon XX e siècle ), il rapporte un shaker quand à Paris le cocktail n’est pas encore très répandu. L’anecdote peut prêter à sourire mais, au-delà de cet aspect festif, ce sont les rythmes du jazz que le compositeur cherche à propager, n’hésitant pas à recommander Cole Porter à Rolf de Maré, en vue d’une création pour les Ballets suédois. Cette année-là, les deux musiciens imagineront ainsi un double programme pour le Théâtre des Champs-Élysées et une tournée américaine, Cole Porter avec Within the Quota premier ballet-jazz, et Darius Milhaud avec La Création du monde . Pour cette pièce, qui mêle composition classique et expérimentations sur le jazz, Milhaud s’entoure de Blaise Cendras pour le livret et de Fernand Léger pour les décors et costumes. En témoignent l'aquarelle préparatoire (voir encadré page 18) ou plus modestement la lithographie Composition aux masques africain (200/300€), elle aussi liée à ce ballet.   Raoul Dufy (1877-1953), L’Opéra : la première de «…