Aide de camp de Jean-François Champollion et témoin privilégié de son périple nord-africain, Salvatore Cherubini en rapporta un ensemble de croquis qui ont fait la joie du musée dédié à l’égyptologue.
«Souvenirs historiques» était le thème de la vacation. Il ne pouvait être mieux choisi, car ces trois carnets de Salvatore Cherubini (1797-1869) constituent bel et bien un souvenir, plus encore un témoignage, de première importance : raison pour laquelle l’ensemble fut préempté à 23 445 € par le tout jeune musée Champollion de Vif (Isère). C’est le 31 juillet 1828, avec l’accord de Charles X et dans le contexte de la guerre d’indépendance de la Grèce – opposant la France, l’Angleterre et la Russie à l’Empire ottoman –, qu’une expédition franco-toscane comptant quatorze membres dont Jean-François Champollion (1790-1832) quitte Toulon, direction Alexandrie. Pendant les dix-neuf mois que durera ce voyage, asseyant la réputation de celui qui déchiffra en 1822 la pierre de Rosette, Cherubini croque d’une main sûre les paysages et les habitants. Excellent dessinateur, il retranscrit à merveille les hiéroglyphes, et ce travail de précision sera un atout majeur pour l’édification de la Grammaire égyptienne (1836). Une fois rentré en France, l’artiste mènera une vie plutôt mondaine et sera nommé inspecteur des Beaux-Arts. Pièce maîtresse de la sélection autant par son estimation que par sa taille, le Portrait de Marie-Antoinette et ses enfants (275 x 218 cm), huile sur toile de l’atelier d’Élisabeth Vigée Le Brun (voir l'article Une réplique du portrait de Marie-Antoinette de la Gazette n° 22, page 53), ne trouvait pas preneur. En revanche, pour 2 645 €, le château de Compiègne s’emparait d’une paire d’assiettes (diam. 23,5 cm) de 1808 en porcelaine de Sèvres, livrée, pour le service du grand maréchal de la résidence impériale (voir page 128).