Pour la toute première fois de son histoire, le prestigieux musée de l’Accademia à Venise consacre une exposition monographique à un artiste vivant. Vu l’enjeu symbolique, très peu de noms pouvaient prétendre à pareille consécration. C’est l’Allemand Georg Baselitz (né en 1938), aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands de notre époque, qui bénéficie de cet honneur. L’exposition une vaste rétrospective confirme ce que l’on savait déjà : Baselitz est un immense peintre, parfaitement à sa place dans une telle institution. Ici, les productions des années 1970 et 2010 sont parmi les plus nombreuses. Les premières mettent bien en valeur la période charnière du milieu de la décennie, quand la dimension gestuelle s’impose avec force dans la pratique de l’artiste. Pourtant, plus le temps passe et plus la maestria de celui-ci s’affirme, sa liberté se faisant toujours plus marquée. Néanmoins, les œuvres montrées sont terriblement desservies par une scénographie approximative… D’autant plus qu’actuellement les plus grands artistes sont représentés par des galeries qui maîtrisent parfaitement les techniques de présentation et rivalisent directement avec les musées. La comparaison s’impose donc nécessairement. Ici, les cartels, sommaires, ne mentionnent pas même la technique ou les matériaux utilisés. Pis encore, les tableaux d’une formidable puissance et qui appellent une présentation aérée sont à l’étroit et suspendus à des cimaises qui redoublent, souvent à mi-hauteur, les murs des salles et ajoutent au tassement des volumes. Devant certaines œuvres, des piliers perturbent encore un peu plus la visite. On ressort de l’exposition tout autant ébloui par le talent du peintre qu’agacé par la façon dont son travail est malmené par la présentation.
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