Emmenée par André Lanskoy et Roberto Matta, cette vente d’art moderne a enregistré de beaux résultats, succédant à une autre centrée sur la monarchie européenne, dominée par Arvid Johansson.
Sa provenance prestigieuse et son attribution à Jean-Baptiste Greuze n’y auront pas suffi. Le Portrait du prince Louis-Charles de Bourbon, dauphin de France, futur Louis XVII (1785-1795), fils cadet du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette (voir l'article Portrait du Dauphin attribué à Greuze de la Gazette n° 17, page 40) n’a finalement pas trouvé preneur. Qu’importe ! La vacation du jeudi offrait de quoi réjouir les amateurs de royauté, fût-elle française ou étrangère. Ainsi d’un service à entremets pour la table de sa majesté Louis XVIII, constitué d’une ménagère en vermeil ornée des armes de France sous couronne royale, entourée des colliers de l’ordre du Saint-Esprit. L’ensemble de soixante-six couverts au poinçon d’orfèvre de Jean-Charles Caillet (1772-1849), à qui l’on doit également le reliquaire de la Sainte Couronne d’épines de Notre-Dame ou celui de la Sainte Ampoule à Reims, partait régaler d’autres convives moyennant 11 592 €. Aux cimaises, la Russie impériale était dignement représentée par une imposante marine de l’artiste suédois Arvid Johansson (1862-1923), dépeignant l’Arrivée du Standart, le yacht privé de l’empereur Nicolas II (148 x 98 cm hors cadre). Fort de ses 113 mètres de long, ce véritable palais flottant du dernier tsar de toutes les Russies – construit à Copenhague à la demande d’Alexandre III (1881-1894) et lancé en 1895 – était l’un des plus modernes de son temps. Le fier navire entrait au port moyennant 10 304 €. Le succès fut également au rendez-vous le vendredi 6 lors de la vente d’art moderne. Parmi les lots les plus attendus aux cimaises, deux toiles du Russe André Lanskoy (1902-1976) figurent en bonne place. Le Chant du coq (73 x 60 cm), de 1960, obtenait ainsi 45 724 €, tandis que sa Composition abstraite (60 x 73 cm) décrochait 36 708 €. Le surréaliste chilien Roberto Matta (1911-2002) s’illustrait quant à lui avec une huile sur toile de 1969, une Composition (81 x 65 cm), emportée à 41 216 €. Elle est représentative de la continuité de son travail depuis la période pionnière du surréalisme historique.