Pierre-Athanase CHAUVIN (Paris, 1774-Rome, 1832)
Vue du pont de Narni avec des pèlerins
Toile, signée en bas au centre : " P. Chauvin à Rome "
(Restaurations anciennes)
Haut. : 58 cm ; Larg. : 75 cm
Exposition et provenance : probablement Salon de 1827, n° 196 : " La vallée de Narni avec les ruines du pont
d'Auguste, Ce tableau appartient à M. le duc de Fitz-James ".
Bibliographie : Marie-Madeleine Aubrun, Pierre-Madeleine Aubrun, Bulletin de la Société de l'Histoire de
l'Art français, année 1977, publié en 1979, p. 207, n° 42 " oeuvre enregistrée sous le n° 1700 dans les archives
du Louvre, toile, 80 x 95 cm, soit les dimensions avec le cadre ».
La vallée de la Nera en Ombrie, avec le pont antique de Narni datant de l'époque de l'empereur Auguste,
était une des étapes des voyageurs du Grand Tour. Au second plan, on aperçoit aussi le pont médiéval avec
sa tour de péage et ses cinq arches. Bombardé en 1944, il avait succédé au premier, lorsque celui-ci est
tombé en ruines. Ce site a été représenté par de nombreux paysagistes français, Bidault, Michallon, Corot,
anglais (« pèlerinage de Childe Harold » de Turner), ou danois (Lunde, Palm).
Chauvin reprend un sujet qu'il avait déjà traité en 1813 (collection particulière) avec notamment un point
de vue identique et le grand pin en haut à gauche. Par contre, il change toutes les figures du premier plan,
un berger et son troupeau de moutons dans la première rédaction, et ici, un groupe de pèlerins qui
tiennent un bourdon, nom de leur bâton de marche, décoré d'un ruban noué. On remarquera les détails
précis comme le bébé porté dans un panier par l'une de jeunes femmes ou le vieillard assis par terre qui
boit à la gourde. Notre tableau est un parfait exemple du talent de Chauvin. Il s'attache à rendre la lumière
si caractéristique de la campagne romaine, dans un scintillement doré qui lui est propre.
Elève de Pierre-Henri de Valenciennes, Pierre-Athanase Chauvin expose au Salon dès 1793. Cependant, il se
rend en Italie en 1802 et y fait l'essentiel de sa carrière. Tout en continuant à envoyer ses oeuvres à Paris,
notamment à son protecteur Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord qui lui verse une pension contre la
promesse de deux tableaux par an. Il travaille pour de riches clients tant anglais que russes ou allemands. Il
s'installe à Rome en 1804, visite la région de Naples, la principauté de Bénévent, et se lie avec de nombreux
artistes, dont Wicar, Fabre, Guérin, Granet et Ingres, qui le choisira comme témoin de mariage. Il fréquente
également les Allemands Catel, Reinhardt et Vogel van Vogelstein ainsi que les Danois Eckersberg et
Thorwaldsen. Il entre à l'Académie de Saint-Luc en 1813. Notre toile est probablement l'une des dernières
qu'il réalise en Italie puisqu'il revient à Paris en cette année 1827. Il est alors nommé membre
correspondant de l'Institut et reçoit la Légion d'Honneur l'année suivante.
Édouard de Fitz-James (1776-1838), 6e duc de Fitz-James (1805), siégeait à la Chambre des pairs sous la
Restauration et la monarchie de Juillet, appartenant au parti légitimiste. Plutôt qu'un collectionneur
régulier, il semble avoir demandé de temps à autre des oeuvres contemporaines aux artistes exposant aux
salons. Il avait commandé une " Communion de Marie-Antoinette " à Alexandre Menjaud (Salon de 1819) et
" Marie Stuart séparée de ses serviteurs " à Pierre Revoil (Salon de 1822). Il abandonne ces sujets
troubadours pro-royalistes et se tourne vers des paysages plus agréables puisqu'au Salon de 1827, il est
mentionné comme propriétaire, outre de notre toile de Chauvin, d'oeuvres de Roqueplan, Gudin et Cotreau
(" Vue intérieure de la grotte du Pausilippe ").
Il ne doit pas être confondu avec Carlos Miguel Fitz-James Stuart y Silva, 14e duc d'Albe, collectionneur et
mécène, notamment d'Ingres.
Expert : Cabinet Éric Turquin
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