• Emmanuel CHABRIER. L.A.S. « Emmanuel », [La Membrolle] 25 juillet [1885], à André Monvoisin, « étudiant en droit, notaire en herbe », à Cusset (Allier) ; 1 page in-8 remplie d’une petite écriture, adresse au dos. [85-24]
Amusante lettre à un petit cousin. « Bravo, camarade et cher collègue, car je le suis ès lettres, mais ce n’est pas d’hier. Allons, voilà, comme on dit, une forte épine sortie du pied, – où il t’en rentrera d’autres, sois tranquille, ce n’est que la première ; le pied a été donné à l’homme pour ça d’abord, et ensuite pour marcher avec. Je n’ose plus regarder le mien ; ce doit être un crible. Et dire que ton père allonge depuis plus de quinze ans des billets de mille pour te faire apprendre une langue soi-disant latine qu’il t’est formellement interdit de parler dans les salons sous peine de te faire foutre à la porte immédiatement. Et ajouter que j’en vais faire autant pour les miens. Décidément, les âneries que l’on s’offre ici-bas ne tiendraient pas dans un décalitre, mais en revanche un dé à coudre serait trop grand pour contenir les choses quasiment raisonnables. Quant à moi, je trime ferme. Je préférerais me balader avec des femmes charmantes au bord d’un clair ruisseau ou simplement en pleine mer ; mais je n’ai pas le choix. Flanque-toi un peu de bon temps, pendant que tu y es ; tu deviendras assez tôt un monsieur grave ; un beau matin, il te tombera sur le nez une paire de lunettes d’or avec une cravate blanche autour du col – tu seras, ce jour-là, un bougre solennel et assommant. Méfie-toi »...
On joint 2 billets a.s. à André Monvoisin ; et une L.A.S. au crayon [à W. Enoch ?] pour le paiement de ses impôts.
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