Cette pièce en verre millénaire aiguisait l’appétit des collectionneurs d’antiquités orientales.
Ainsi que l’annonçait la Gazette n° 9 en page 51 (voir l'article De l’Inde à l’Iran, la quintessence de l’Orient), la jeune maison de ventes poursuivait son dialogue entre les arts islamique et indien en inaugurant un chapitre intitulé «Encre et or». La calligraphie y était représentée notamment par les douze folios d’un coran du XIIe siècle, provenant de l’est de l’Iran (l’un reproduit dans l’article susmentionné) : ceux-là restaient finalement dans les tiroirs les protégeant de la lumière. En revanche, la feuille d’or découpée pour être enserrée dans cette coupelle en verre soufflé incolore valait à l’objet millénaire, produit en Iran ou en Syrie au Xe ou XIe siècle, d’obtenir 52 000 €. Il faut savoir que les récipients en verre dit «sandwich» et or produits en terre d’Islam sont extrêmement rares, la plupart ne subsistant qu’à l’état de tessons. Seuls dix autres exemplaires sont répertoriés à ce jour selon le Dr Heather Ecker – historienne de l’art spécialiste de l’art islamique et médiéval –, et se trouvent essentiellement dans des musées. La Syrie étant le principal lieu de découverte de ce type de vaisselle, c’est à ses artisans qu’elle est souvent donnée. Cependant, les aspects stylistiques de notre coupelle la relient aussi à l’art des Samanides (874-999) de l’Iran oriental, notamment son bord évasé et sa teneur décorative, avec cette inscription quatre fois scandée : «La souveraineté appartient à Dieu». L’acheteur aura tout le loisir de fouiller son sujet… Figurait également un chandelier en bronze coulé tripartite – base, élément central d’articulation et fût (h. 45 cm) –, auréolé d’une flamme de 48 100 €, pour sa part bien iranien et relevant de l’art seldjoukide du XIIe ou XIIIe siècle. Son décor gravé incrusté d’argent présente des motifs calligraphiques, figuratifs et végétaux remarquablement conservés. Document rare lui aussi, car complet des trois éléments le constituant, celui-ci appartient à un groupe d’environ vingt-cinq bases de chandelier polygonales en métal coulé, toutes incrustées d’argent et parfois d’or.