Un ensemble de tableaux réunis par un collectionneur dunkerquois sera dispersé à Roubaix. Herbin y est accompagné d’Appel, d’Atlan et de Matta.
La peinture moderne a autant de facettes que d’artistes. La collection de Monsieur D., de Dunkerque, en propose un intéressant panel, que l’on débute avec Auguste Herbin. Ce paysage évoque les premières années de la carrière de cet artiste qui se distinguera dans les années 1930-1940 par un langage très personnel et radical, orienté vers l’abstraction géométrique. En attendant, en 1908, Herbin est encore dans les années d’élaboration de sa peinture. Installé à Paris en 1901, il subit d’abord l’influence du postimpressionnisme, puis celle des fauves. Mais peu à peu, le nouveau courant à la mode – le cubisme – l’atteint, d’autant qu’il rencontre en 1909 Picasso et Braque au Bateau-Lavoir. Dans ce paysage, on perçoit déjà les formes des maisons qui se géométrisent, mais est conservée une belle perspective avec la vue plongeante d’une rue vers un village. Le côtoient dans cette collection une toile peinte en 1972 par l’un des fondateurs de CoBrA, Karel Appel, Les Yeux bleus, aux puissantes et monumentales formes primitives (40 000/60 000 €), ainsi qu’une Composition en technique mixte sur Isorel d’un autre adepte de ce mouvement, Jean-Michel Atlan. Celui-ci donne sa propre vision de l’art brut à l’aide de formes mystiques et totémiques (20 000/30 000 €). On remarquera encore les couleurs frottées au chiffon, typiques de Roberto Matta, dans Coup de vérité, attendu à 15 000/20 000 € : un bel exemple de l’univers cosmique et tournoyant de l’artiste chilien proche du surréalisme français.