Un trésor de verreries art nouveau

La vente de cet ensemble oublié a obtenu pas moins de 106 600 €, totalisés à l’issue d’une bataille opposant enchérisseurs français, allemands et américains (voir l'article Daum et Gallé, un savoir-faire nancéien de la Gazette n° 6, page 102). Sans surprise, c’est bien le vase signé Daum Nancy à la croix de Lorraine à l’or, et paré du titre si poétique de Vol d’une libellule au-dessus d’un rosier en fleur, qui s’installait sur la première marche du podium avec 17 950 €. Haute de 50,5 cm, en verre multicouche au décor japonisant dégagé à l’acide et émaillé polychrome, cette pièce à long col fuselé arbore aussi des cabochons décoratifs colorés, collés à chaud. Toujours par Daum Nancy (et paré de la même célèbre croix accompagnant la signature), s’avançait ensuite un vase balustre au col annulaire en boudin, dit « aux cinq tulipes et motifs vermiculés », adjugé 11 630 € à partir d’une estimation haute de 8 000 €. Datant du début des années 1920, il présente un original décor dressant les fleurs de couleur vermillon sur leurs longues tiges vertes en application épaisse et collées, là aussi, à chaud (h. 24,8 cm). On changeait de maître nancéien avec la pièce suivante : un vase des Établissements Gallé (1904-1936), signé Gallé à l’étoile, du modèle Lac de Côme, à décor paysager tournant très spectaculaire, avec des montagnes bleutées. De profil ovoïde à large col annulaire, il s’agit d’une épreuve en verre multicouche avec dégagements à l’acide et gravure à froid (h. 34 cm). On pouvait détailler son panorama à condition d’en donner 12 000 €. Quant à l’exceptionnelle suspension à quatre lumières par Louis Majorelle & Daum Nancy – qui dormait en partie démontée sous un lit il y a peu encore –, il fallait avoir prévu 13 900 € pour la décrocher. Précisons qu’elle se compose d’une vasque centrale entourée de trois tulipes en chute depuis le cache-bélière, chaque élément étant inscrit en intaille au nom de Daum Nancy, à la croix de Lorraine (h. 90, diam. 55 cm).