Jacques-Émile Ruhlmann a toujours su parfaitement s’entourer. Au fil des années, son atelier n’a cessé de croître afin de faire face aux nombreuses commandes. Lui qui n’a jamais reçu de formation spécifique au métier d’ébéniste travaille avec de nombreux collaborateurs, en qui il a pleine confiance. Parmi eux, Raymond Lautelin se situe en bonne place. Ce dessinateur deviendra un véritable ami et, à la naissance de sa fille, Micheline Lautelin-Besnier, se verra offrir par Ruhlmann cette armoire de jeune fille. Réalisée vers 1931, elle présente un élégant placage de ronce de noyer et s’ouvre par deux portes pleines ornementées d’un médaillon circulaire en bronze doré, formant entrée de serrure secrète. Jacques-Émile Ruhlmann a débuté dans l’atelier de miroiterie parisien de son père avant de lui succéder, en 1907. Mais, peu à peu, son goût pour le mobilier prend le dessus. Il expose au Salon d’automne à partir de 1910 puis s’associe avec Pierre Laurent avant d’ouvrir son propre atelier. Rien n’est laissé au hasard chez cet adepte de l’art déco, jouant avec aisance de la tradition et de la modernité, des matériaux les plus nobles et de l’ancestral travail artisanal. Bien que ne fabriquant pas lui-même ses meubles, il les imagine, les dessine et en supervise toutes les étapes de production. Si ce sont des artisans du faubourg qui se chargent de leur réalisation jusqu’en 1923, Ruhlmann ouvre après cette date un atelier d’ébénisterie, dans ses locaux de la rue d’Ouessant, près du Champ-de-Mars. Après des meubles d’une grande élégance, qui lui vaudront le surnom de «Riesener de 1925», le décorateur créera des modèles plus modernes, aux formes géométriques, où seront associés des bois exotiques et des décors discrets en ivoire, bronze, laque, écaille ou galuchat. Il travaillera pour les plus grands collectionneurs, comme le maharajah d’Indore, le couturier Jacques Doucet ou l’homme politique André Tardieu et recevra des commandes prestigieuses de l’État français.