Des gravures flamandes aux superbes décors de Chantilly, le plaisir de rire de l’homme par le prisme des singes a été au cœur de la création artistique.
Cet automne et cet hiver, les singes sont partout, faisant la joie des visiteurs et réchauffant les cœurs. Ils grimpent à Versailles, «Les animaux du roi» (voir l'article Défilé bestial à Versailles de la Gazette n° 39, page 181), au musée départemental de Flandre à Cassel («Les Francken, une dynastie dans la Flandre du XVII e siècle», voir Gazette n° 34, page 179) et dans un livre publié par Nicole Garnier-Pelle, Les Singeries de Chantilly . Difficile de les éviter. Et pourquoi le faire, d’ailleurs ? Raconter leur histoire, c’est restituer leur part d’humanité et expliquer comment leur existence questionne la nôtre. À l’origine, ce ne sont que des animaux exotiques, au même titre que les aras, tortues et autres pangolins, et il n’est pas question de réfléchir à un lointain cousinage avec nous ! À l’image de toutes les curiosités qui s’accumulent dans les cabinets des érudits, ils participent au prestige de leur propriétaire et à son intérêt pour les sciences. Puis, peu à peu, les artistes s’en saisissent pour en faire un thème à part, entre humour et sarcasme, entre réflexion et ornementation. Une nouvelle et longue vie qui se poursuit aujourd’hui par l’intérêt des collectionneurs. À bien regarder l’histoire de l’art, on s’aperçoit que le singe est présent dans les représentations depuis le haut Moyen Âge, la religion en faisant un démon pour son habileté à imiter l’homme. Nombre de livres d’heures le figurent dans leurs marges, tel un symbole de l’humanité dégradée. Avec le développement de la scène de genre dans les Flandres du XVII e siècle, il s’éloigne enfin de cette image diabolique, s’émancipe et devient un sujet à part…
com.dsi.gazette.Article : 30623
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.