Fondation Beyeler, 11, Baselstrasse, Riehen/Bâle, tél. : +41 61 645 97 00, www.fondationbeyeler.ch Jusqu’au 26 mai 2019.
Il a fallu quatre années à la fondation pour réaliser ce qu’elle considère à ce jour comme sa plus prestigieuse exposition, dédiée à la jeunesse de Pablo Picasso : soixante-quinze peintures et sculptures de ses périodes dites bleue et rose, prêtées par d’importantes collections privées et de grandes institutions comme la Tate de Londres, le Musée Picasso à Paris ou le Metropolitan Museum of Art de New York. Des chefs-d’œuvres parmi lesquels La Gommeuse, qui «n’a plus été présentée en Europe depuis 1946», s’enorgueillit Raphaël Bouvier. «Avec une vingtaine d’œuvres inédites», le conservateur et commissaire de l’événement propose un regard différent sur ces six années de production ô combien cruciales pour le Malaguène, précédemment abordées au musée d’Orsay (voir Gazette no 35 du 12 octobre 2018). «C’est le suicide de son ami Carlos Casagemas, en 1901, qui inspire à Picasso, alors âgé d’à peine 20 ans, sa période bleue», ajoute-t-il. Conçue de manière chronologique, l’exposition bâloise est en effet centrée sur l’artiste autant que sur son œuvre. Elle s’attache à montrer comment il est passé progressivement de jeune arrogant à un personnage mélancolique et introverti, avant d’être obnubilé par la figure féminine puis d’évoluer encore vers un langage plus primitif, avec des nus imposants qui le mèneront au cubisme. La fonda- tion, qui possède l’une des plus importantes collections au monde le concernant, prolonge ce parcours avec plus d’une trentaine d’œuvres du maître, datant pour la plupart d’après 1907, présentées dans un accrochage intitulé «Picasso Panorama». Jusqu’au 26 mai, l’institution se transforme ainsi en véritable musée Picasso… suisse.