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Peindre le rêve

Publié le , par Daniel Bergez

Comment figurer l’invisible ? Tel est le défi majeur des artistes lorsqu’ils s’essaient à la représentation du rêve, thème du prochain Festival de l’histoire de l’art. La question permet de revisiter toute l’histoire de la peinture.

Eustache Le Sueur (1617-1655), Le Songe de saint Bruno, entre 1645 et 1648, huile... Peindre le rêve
Eustache Le Sueur (1617-1655), Le Songe de saint Bruno, entre 1645 et 1648, huile sur toile, 193 x 130 cm, détail, Paris, musée du Louvre.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Adrien Didierjean
Le thème du rêve traverse toute la création picturale de l’Occident. Sa représentation s’est métamorphosée au fil des époques, accompagnant les redéfinitions successives du phénomène onirique. Aux origines de la civilisation occidentale, celui-ci est surtout prophétique, oraculaire, annonciateur ; il est l’une des voies privilégiées par lesquelles la vérité divine est transmise aux hommes. Nombre de peintres, répondant aux commandes de l’Église, mettront en images ceux de Jacob, de Joseph, de Salomon, de Marie, de sainte Hélène… à partir des épisodes inspirés de la Bible et du Nouveau Testament. La mythologie antique, fournissant abondamment ce que l’on nomme alors la «peinture d’histoire», ne sera pas oubliée, avec les rêves d’Énée ou de Pâris. Le rêve personnel a en revanche longtemps été assimilé à un dérèglement du sujet. C’est pourquoi il ne trouve de légitimité artistique que fort tard. Du XVI e  siècle, une petite aquarelle d’Albrecht Dürer est directement inspirée d’un songe du peintre. Datée de 1525 et accompagnée d’un commentaire transcrivant un cauchemar de l’artiste, elle demeure exceptionnelle pour son époque : aux XVI e et XVII e  siècles, le rêve individuel, discrédité par la philosophie cartésienne,…
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