Musée du quai Branly - Jacques-Chirac, 37, quai Branly, Paris VIIe, tél. 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr - Jusqu’au 7 juillet 2019.
Voilà bien longtemps qu’aucune exposition d’envergure sur les cultures océaniennes n’avait été présentée en France. La célébration du 250e anniversaire du premier voyage de James Cook en a été le point d’ancrage, initié à la Royal Academy de Londres à l’automne 2018. Les quelque deux cents pièces en question, provenant des plus grands musées d’Europe et de Nouvelle-Zélande, sont magistrales et leur réunion a nécessité cinq années de travail. Évidemment, la séduction opère tant chacun des artefacts est un chef-d’œuvre en soi et, pour certains d’entre eux, a valeur de trésor ancestral. Il est ici question de montrer les arts du Pacifique sous l’angle de leur valeur de lien identitaire entre les peuples et de mettre en avant les similitudes formelles d’une culture à l’autre. Cela explique l’absence d’organisation géographique du parcours. On navigue ainsi au sens propre comme au figuré, puisque les premières salles sont dévolues à deux imposantes pirogues, à des figures de proue et à des pagaies, dont celle collectée par Cook entre les îles, pour arriver au point d’orgue dans la rotonde centrale : les statues de divinités et d’ancêtres. Le dieu A’a de Rurutu (archipel des Australes), exceptionnellement prêté par le British Museum, la figure de divinité masculine Ko Kawe des Carolines l’une des plus grandes connues ou encore la figure féminine tatouée des îles Cook méritent à eux seuls le voyage. Cependant, la variété considérable de formes et de matériaux est telle que le parti pris de ne pas les expliciter davantage laisse place à un vague sentiment de frustration. Il est naturellement impossible de se montrer exhaustif, mais d’autres clés de compréhension auraient été bienvenues afin d’appréhender les arts océaniens dans leur immense créativité.