Cap sur la cité phocéenne, avec Jean-Baptiste Olive. Célébrée au Palais des arts, l’oeuvre du peintre se découvre aussi à l’occasion d’une vente cannoise. Embarquement immédiat.
Marseille, future capitale européenne, met les bouchées doubles d’ici 2013. Et la cité phocéenne ne ménage pas sa peine. 2008 voit ainsi fleurir de nombreuses expositions consacrées à ses chantres, «Van Gogh et Monticelli» à la Vieille Charité, «Jean-Baptiste Olive – prisme de la lumière», au Palais des arts. Quel meilleur alibi pour s’intéresser à la dispersion, le 9 novembre prochain, de plusieurs toiles de cet artiste, un enfant du pays qui a porté bien au-delà de la Canebière l’image de l’antique cité ? L’exposition, organisée à l’occasion des dix ans de la fondation Regards de Provence, s’avère la plus grande rétrospective consacrée à Jean-Baptiste Olive. Une centaine d’oeuvres – toiles, aquarelles, paysages et natures mortes – permet enfin d’embrasser la totalité de la carrière du peintre. De découvrir ses succulentes natures mortes, façon Chardin et Vollon, une production méconnue de l’artiste. Et de retrouver, bien sûr, ses incontournables marines, dont plusieurs variantes de L’Entrée du Vieux-Port de Marseille, l’un de ses sujets de prédilection.
Un cliché ? Allons donc ! Certes, Jean-Baptiste Olive a bien repris le motif à satiété, déclinant avec force assiduité le port vu des jardins du Pharo ou du fort Saint-Jean, jouant habilement des cadrages originaux en s’appuyant sur les photographies de ses amis les Frères Cayol. Bref, une bonne recette qui lui permit en son temps déjà de répondre à la forte demande des amateurs. Des poncifs, qui ne masquent pourtant pas les qualités du peintre. Pour chaque toile, l’artiste a su saisir la magie de l’instant, capter la poésie de la lumière, rapporter le détail, l’infime nuance, ces petits riens qui font la différence. Héritier d’un Claude Le Lorrain, Jean-Baptiste Olive livrera toujours une vision idyllique de la cité.
Il rejettera en effet dans ses portraits idéalisés ce qui pouvait à ses yeux défigurer la ville. Ainsi, le transbordeur construit en 1905 pour relier les deux citadelles de Vauban et barrant le ciel marseillais, n’aura pas sa place dans l’oeuvre de l’artiste, à la différence d’un Marquet ou d’un Camoin, attachés à une ville moderne. Jean-Baptiste Olive, lui, toujours chérira le visage classique, une Marseille arcadienne ! Le peintre s’était formé à l’excellente méthode Loubon, le directeur de l’école des beaux-arts qui avait su insuffler à toute une génération d’artistes provençaux l’amour du paysage.
Olive sait la valeur du travail en plein air, ces séances sur le motif dont il rapporte quantité d’études, sa «bibliothèque». Des esquisses travaillées ensuite en atelier – et souvent loin de Marseille. L’artiste s’installe en 1882 à Paris, après avoir présenté plusieurs oeuvres au Salon, des toiles bien accueillies. Le "Provençal", dont il peaufine l’image, mène une belle carrière parisienne ; en 1889, à l’occasion de l’Exposition universelle, il reçoit même une médaille d’argent. De 1901 à 1910, le peintre réalise plusieurs paysages pour le projet de la gare de Lyon à Paris, dont des vues du Vieux-Port. Ici, Jean-Baptiste Olive reprend le sujet en ouvrant le paysage sur le quartier des Joliettes avec, à droite, la silhouette de la Major. Un ciel et une mer d’azur, une lumière chauffée au soleil de Provence... N’est-ce pas aujourd’hui encore l’image éternelle de Marseille ? D’ailleurs, la passerelle de la Joliette construite depuis devrait disparaître du paysage marseillais d’ici 2010. Une vision intemporelle, on vous dit !