À Wattwiller, dans le Haut-Rhin, la fondation François Schneider invite Céleste Boursier-Mougenot à composer une ode musicale, aquatique et minérale. De l’ombre des réserves déguisées en troublante boîte de nuit des années 1980, à la lumière du toit ruisselant au soleil, le plasticien français met en exergue l’eau, un de ses matériaux de prédilection. Par le prisme de circonvolutions pianistiques, de bruissements d’eau tombant en cascade très picturale, de crépitements d’une plage cristalline, mais aussi d’un «pédiluve arty» et des fameux cliquetis de clinamen v.6, le visiteur est transporté dans une musique «plastique» faite de multiples mouvements, échelles, rythmes et sensations. En effet, «Liquide Liquide» est une exposition-partition recomposée par l’artiste à partir de plusieurs déclinaisons de cette pièce majeure. Au sous-sol, une captation vidéo de l’œuvre accompagne un début de parcours qui, par le son créé à partir du bruit amplifié des images et l’obscurité ambiante, s’effectue presque sur la réserve. Un étage plus haut, un piano exécute une danse «infinie» reprenant le mouvement des bols dans le bassin. À l’extérieur, plage, terrasse pailletée de milliers de fragments de verre recyclés, fait résonner les corps sous les pas. Dans la grande halle, clinamen v.6 fait toujours tintinnabuler ses bols sur son eau bleutée, devant un rideau d’eau hypnotisant. Enfin, il faut tremper ses pieds dans des eaux dormantes pour accéder à la terrasse supérieure et admirer la toiture-cascade. En conviant le public à cette expérience physique et mentale, à laquelle participent également le vent, la lumière et la nature alsacienne, Céleste Boursier-Mougenot réinvente l’architecture de la fondation avec poésie et permet aux visiteurs de se reconnecter à eux-mêmes.
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