L’œuvre est donnée aux deux artistes, mais on ne sait quelle part leur attribuer. Leur regard embrasse la plaine romaine sillonnée par cet aqueduc construit entre 38 et 52, long de soixante-huit kilomètres, dont cinquante-trois sont souterrains. La lumière est douce, les dégradés de bleus du ciel et des montagnes subtils et caractéristiques des études à l’huile de Camille Corot. Si l’on perçoit la chaleur d’un après-midi d’été dans la nuée qui plane au-dessus des reliefs, on devine aux teintes ocrées des pierres que l’astre jaune est à quelques heures de son coucher. Bien avant les impressionnistes, Corot et Caruelle d’Aligny se plaisent à capter les effets atmosphériques avec leurs pigments. Les tubes de peinture n’existent pas encore… Les deux hommes se sont rencontrés lors du premier séjour italien de Corot, de 1825 à 1828. Plus que ses études auprès d’Achille-Etna Michallon et Jean-Victor Bertin, le jeune peintre considère ce voyage comme le point culminant de sa formation et ses travaux de plein air comme la partie intime de son œuvre. Il n’en exposera d’ailleurs qu’un seul de son vivant sur les cent cinquante produits. Il visite Rome, Venise, Naples le plus souvent avec ses amis Léon Fleury et Johann Karl Baehr , rencontre les paysagistes André Giroux et Jacques Brascassat, et travaille, sur le motif ou en atelier, avec Édouard Bertin et Théodore Caruelle d’Aligny. L’admiration du trio est réciproque et leurs œuvres soumises aux critiques mutuelles. Une saine émulation, si l’on en juge par ce tableau.