Illustre et méconnu, le cinéaste du petit monde de la mer et des hasards cosmiques refait surface cet été au Jeu de Paume. L’occasion d’une mise au point sur l’œuvre perchée d’un homme de science et de fiction.
Le métier comporte ses joies pour ceux qui aiment la mer jusqu’à l’exclusion de toute autre possibilité de joie naturelle. Patauger jour et nuit par n’importe quel temps même où l’on sait ne rien trouver, de l’eau au nombril ou aux chevilles, fouiller partout, algue ou pieuvre, s’hypnotiser sur une mare sinistre où tout vous guette alors que rien n’y vit — extase de n’importe quel intoxiqué y compris le chien de chasse, kilométrant en tous sens avec un plaisir infini le champ dont chaque repli cache, au plus, une vieille patate». Ainsi Jean Painlevé (1902-1989) décrivait-il en 1935, dans l’hebdomadaire du reportage Voilà , le charme discret de sa profession. Le titre de cet article, «Les pieds dans l’eau», donne le sien à une rétrospective très voire trop attendue, comme ne manque pas de le souligner Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume. À qui la faute, d’après lui ? À l’itinéraire bis suivi par un électron libre qui navigua toute sa vie à égale distance de l’art et de la science, au point qu’il soit «malaisé de lui assigner une place». Hypothèse confirmée par la commissaire de l’exposition Pia Viewing, qui voit dans l’esprit «farouchement indépendant» de l’éternel outsider son «unique posture», et la raison de son relatif oubli. Pourtant, des deux cents courts-métrages de Jean Painlevé…
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.