Les Lavoisier dans l'atelier de David

Cette dispersion de tableaux anciens fera le tour de l’Europe avec une prédilection pour la peinture nordique, française et italienne, sans oublier l’Espagne de la cour de Philippe II. Elle débutera à Anvers avec deux œuvres phares, une Vierge à l’Enfant entourée de sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Marguerite d’Antioche peinte par Goswin Van der Weyden, héritier de la manière de son grand-père, Rogier. Il faudra prévoir entre 200 000 et 300 000 € pour ce panneau peint vers 1460 (72,4 x 64,2 cm). Portant le cachet de la collection de Marie-Louise d’Autriche, duchesse de Parme, ce tableau conservé en Italie et frappé d'une interdiction de sortie de son pays, est vendu sur désignation. La même estimation est proposée pour une nature morte exécutée deux siècles plus tard par Jan Davidsz de Heem. En arrivant à Anvers, il en adopte le style fastueux, mettant ici en scène une orfèvrerie raffinée et un bol chinois venu de l’autre côté de la terre, au milieu d’un festin de fruits et de jambon (66,5 x 101 cm, voir l'article Le banquet symbolique de Jan Davidsz de Heem de la Gazette n° 10, page 28). Pour les époux Lavoisier, la richesse n’est pas celle du commerce, mais de l’esprit. On a oublié qu’Antoine-Laurent était fermier général et régisseur des Poudres, tant il est connu pour son Traité élémentaire de chimie, publié en 1789 et illustré par sa femme et précieuse collaboratrice, Marie-Anne-Pierrette Paulze. Celle-ci aurait étudié avec Jacques-Louis David, qui a réalisé leur portrait en 1788. Une toile monumentale digne de l’aristocratie, pour ces intellectuels de la bourgeoisie. Les lumières du XVIIIe siècle sont passées par là… L’œuvre est entrée dans la collection du Metropolitan Museum of Art de New York. De dimensions plus raisonnables, la toile reproduite est une seconde version fidèle à son modèle, exécutée par un talentueux élève du maître. Elle a été conservée jusqu’à aujourd’hui dans la descendance de Mme Lavoisier.