Les Jardins d’eau d’Annevoie : joyau belge du XVIIIe siècle

Lorsqu’il eut atteint l’âge vénérable de 85 ans et alors que sa vue chaque jour s’assombrissait, Charles-Alexis de Montpellier (1717-1807) composa en vers badins ses Adieux à mes jardins, éloge champêtre où le vieil homme rendait hommage au bassin de l’Artichaut, au rocher du Lion, au bois de l’Ermitage, au fleuve du Buffet d’eau… L’œuvre artistique d’une vie, le témoignage d’un art hydraulique porté à son sommet par un grand maître des forges à l’âme poétique. Car l’unique et l’extraordinaire, à Annevoie, c’est qu’aucune machinerie ne vient aider au jaillissement des fontaines, au bouillonnement des cascades, au déferlement des buffets d’eau disséminés en quelque soixante points sur les douze hectares du domaine. Ici, l’eau est crachée par un immense éventail, là, à sept mètres de hauteur, par la bouche d’un vigoureux bambin, ici encore, elle dégouline en murmurant le long de roches moussues ou bien joue des tours aux amoureux, invités à former des vœux dans de joyeuses éclaboussures. Dans la monographie consacrée au domaine – actualisée préalablement à la restauration menée par les nouveaux propriétaires à partir de 2017 –, l’historienne des jardins Nathalie de Harlez…