Portant le poinçon du joaillier Eugène Feuillâtre, ce bijou est un bel exemple des innovations offertes dans le domaine de la joaillerie art nouveau. Un exemplaire identique, daté 1906, est aujourd’hui conservé au musée des Arts appliqués de Cologne avec, pour pierre centrale, une tourmaline verte. À la faveur du renouveau des arts décoratifs, des techniques médiévales furent remises au goût du jour, à l’image de l’émail plique-à-jour. Feuillâtre participa largement à ce mouvement. Tout comme ses confrères, plutôt que les pierres précieuses, il privilégia le travail de l’artisan, porté au plus haut niveau d’excellence, ou l’esthétisme, avec des bijoux adoptant des formes et des coloris jusqu’alors inusités. Aux côtés de pierres semi-précieuses comme ici l’opale étaient ainsi utilisés des matériaux peu coûteux tel l’émail, l’argent, l’ivoire, le verre ou la nacre. René Lalique en fut l’un des précurseurs. Et c’est d’ailleurs chez lui que le sculpteur et émailleur d’origine dunkerquoise Eugène Feuillâtre débuta sa courte carrière comme chef du département de l’émail, après un apprentissage chez Étienne Tourrette. Il s’installe à son compte en 1897, au 3, rue Villedo, à Paris, mais continuera à collaborer avec la maison Lalique. Il exposera régulièrement ses objets d’art décoratif et ses bijoux à la Société des artistes français et au Salon de la Société des artistes décorateurs. L’Exposition universelle de 1900 fut également une belle vitrine pour ses créations, pleinement ancrées dans leur époque.