Issues d’une procédure judiciaire, plusieurs œuvres d’Arman seront proposées lors de cette vacation. Aux côtés de ce Gladiateur Borghèse figureront une Vénus au violon, estimée 15 000/25 000 €, ou encore Expressissimo, 1995 (15 000/20 000 €). Qui ne connaît pas le Gladiateur Borghèse ? Cette sculpture de l’époque hellénistique (fin du IVe- fin du Ier siècle av. J.-C.) est aujourd’hui conservée au musée du Louvre. Elle provient à l’origine de la collection du cardinal Scipion Borghèse (1577-1633), qui avait ordonné des fouilles au sud de Rome, à Anzio, où l’on a retrouvé cette œuvre au début du XVIIe siècle. Ce «gladiateur», en réalité un guerrier combattant, est devenu une véritable référence du nu masculin et une incarnation de la puissance athlétique de l’homme. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’Arman se soit intéressé à cette figure. L’artiste, fondateur du nouveau réalisme, s’est en effet attaqué à plusieurs icônes de l’art antique tels la Vénus de Milo, le Jeune garçon priant de Rhodes et l’Hercule Farnèse, ou de la Renaissance comme le David de Michel-Ange. Il leur fait subir sa propre loi : une dissection en règle qui permet littéralement de décortiquer l’œuvre tant dans l’espace que dans sa signification. Notre Gladiateur se trouve découpé, fragmenté, en plusieurs parties qui prennent leur indépendance et le montrent sous des angles différents, tout en se réassociant selon le bon vouloir du sculpteur. Arman a toujours aimé mettre à mal les archétypes qu’ils artistiques, commerciaux ou sociétaux. Il veut pointer du doigt la sacralisation à outrance des objets, dans une société de consommation et de surabondance. Une démarche qu’il a appliquée à ses «Accumulations» et ses «Colères», dès les années 1960, comme à ses sculptures en bronze au cours des décennies 1980 et 1990.