Qu’elle soit chinoise ou vietnamienne, cette porcelaine a rencontré très tôt la faveur des collectionneurs. À l’heure où son succès ne se dément pas, il est de plus en plus opportun d’en connaître l’histoire.
Devenue générique, l’expression «bleu de Huê» sert à désigner les porcelaines à décor peint en bleu de cobalt sous couverte en provenance, pourrait-on penser, du Vietnam. Inventée en pleine colonisation française par Louis Chochod (1877-1957), alors professeur de langues orientales à Hanoï, cette dénomination fait référence à un lieu de production, Huê, prestigieuse ancienne capitale du pays, où un certain nombre de porcelaines étaient en effet fabriquées. Mais les bleus de Huê viennent en réalité de Chine. Alors que le prix de ces pièces en salle des ventes ne cesse aujourd’hui d’augmenter, il n’est pas inutile de se pencher sur leur histoire : celle d’une «Méditerranée» asiatique qui, sur le temps long, a permis de créer des interactions entre les élites marchandes et les sociétés de cour. De ces échanges sont nées une sensibilité commune et, au-delà même des frontières de l’Asie, une histoire du goût qui, de l’empereur Qianlong à Voltaire, a suscité et rencontre aujourd’hui encore la même passion. Au XVIII e siècle, la puissante famille Trinh, qui a donné plusieurs générations de mandarins à la cour vietnamienne de la dynastie Lê, raffole de ces porcelaines reconnaissables à…
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