Après des années de discussions entre spécialistes et grâce à l’obtention tant attendue d’une autorisation de sortie de territoire, Judith tranchant la tête d’Holopherne va enfin passer en vente. Rendez-vous à la Halle aux grains de Toulouse !
Un véritable événement dans un marché de la peinture ancienne qui a connu des heures fastes ces dernières années. On rappellera bien sûr l’incroyable adjudication, à hauteur de 450,3 M$, soit 382 M€ le 15 novembre 2017 chez Christie’s New York , du Salvator Mundi de Léonard de Vinci, qui devient ainsi le tableau le plus cher du monde. Ce domaine de connaisseurs avertis peut, on le voit, créer de belles surprises quand une œuvre majeure, signée d’un grand maître, apparaît. Pour preuve encore, la paire de Portraits de Marten et Oopjen de Rembrandt, acquise en 2016 auprès de la famille Rothschild, par le Rijksmuseum et le musée du Louvre pour 80 M€ chacun. Un prix qui servit de référence au cabinet Turquin et au commissaire-priseur Marc Labarbe quand vint le moment de définir une estimation pour notre tableau. Si l’on considère que Rembrandt a peint un peu plus de trois cents toiles et le Caravage seulement une soixantaine, on comprend mieux la rareté de cette toile et son estimation. D’autant que tous les chefs-d’œuvre du maître lombard sont aujourd’hui conservés dans de grandes collections publiques. Cette vente constitue ainsi une chance, certainement unique, d’acquérir une peinture donnée au Caravage. Et pas n’importe laquelle puisqu’elle traite d’un sujet fort, à la théâtralité intense servie par un style mêlant intelligemment réalisme et jeu de clair-obscur : celui de l’héroïne biblique Judith, sauvant la Béthulie de l’invasion assyrienne en tranchant la tête du général Holopherne. Un thème déjà abordé par le maître dans Judith et Holopherne, daté vers 1600 et conservé à la Galleria nazionale d’arte antica, au palais Barberini de Rome. La toile toulousaine serait, selon les experts, une seconde version, réalisée quelques années plus tard, par le Caravage dans une manière plus violente encore qui se manifeste à travers le goître ridé de la servante, le regard dur de la jeune veuve Judith vêtue de noir ou le visage tordu de douleur d’Holopherne. Le tableau serait identifié comme celui vu à Naples en septembre 1607 dans les collections du peintre et marchand Louis Finson et dont ce dernier fit d’ailleurs une copie, aujourd’hui conservée à la Banca Intesa Sanpaolo de Naples. Finson légua l’original en 1617 à son associé anversois Abraham Vinck. Sa trace fut par la suite perdue... jusqu’à cette redécouverte dans le grenier toulousain.