Le disciple que Jésus aimait, l’un des premiers à le suivre, Jean, se serait occupé de Marie, après la mort et la résurrection du Christ. Fils du pêcheur Zébédée, il est l’un des quatre évangélistes et l’auteur de l’Apocalypse ; on lui attribue également des épîtres. À ce titre, il est souvent représenté avec un livre et un aigle ici absent qui lui aurait servi de pupitre pendant qu’il rédigeait ses textes. Dès les premiers temps de l’Église, il fut un sujet de choix. Cette toile, peinte probablement à Bologne, dans l’entourage de Simone Cantarini, le montre pensif, concentré sur le livre ouvert qu’il tient, brillamment brossé. L’artiste a choisi d’accentuer son caractère d’humble humain : les mains puissantes, habituées au travail manuel, contrastent avec le visage aux traits réguliers, aux lèvres bien ourlées et souligné d’une mince barbe. Il est revêtu d’une simple tunique d’un rose à la fois mat et poudré aux plis profonds. Simone Cantarini, né à Pesaro, sur la côte adriatique, fut successivement l’élève de Giovanni Giacomo Pandolfi (vers 1570-vers 1640) et de Claudio Ridolfi (vers 1570-1644), formé par Véronèse. Le jeune homme s’intéresse aussi aux Carrache et aux caravagesques. Il admire, à la cathédrale de Pesaro, le tableau de Guido Reni (1575-1642) La Vierge à l’Enfant avec saint Thomas et saint Jérôme, aujourd’hui à la Pinacothèque du Vatican, et décide de se présenter chez le maître à Bologne. Bien qu’étant l’un de ses élèves les plus talentueux, il se brouille avec lui. Certains rapportent son arrogance et son caractère irascible ; il aurait été empoisonné par un rival… Le côté naturel mis en exergue par Reni est parfaitement associé à la spiritualité du saint, tout habité par sa lecture. On peut presque parler de contemplation. Cantarini est réputé pour sa recherche de poses simples, évitant tout sentimentalisme. On lui doit de très nombreux dessins, le voyant ses personnages au centre de la composition. De variantes en variantes, il épure celle-ci jusqu’à atteindre une certaine monumentalité. D’autres sont des études de têtes ou de drapés. Si les sujets religieux tiennent une place prépondérante dans son œuvre, on lui doit également des scènes tirées de la mythologie.