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Insondable Caravage au musée de Rouen

Publié le , par Christophe Averty

Pour dire Caravage, son réalisme ténébriste, son empathique expressivité et sa liberté technique, Diederick Bakhuÿs, conservateur au musée des beaux-arts de Rouen, confronte deux versions de La Flagellation du Christ, peintes à Naples en 1607. Côte à côte, dans l’atmosphère carminée de leurs cimaises, entourés d’une dizaine...

Caravage (1571-1610), La Flagellation du Christ à la colonne, vers 1607, huile sur... Insondable Caravage au musée de Rouen
Caravage (1571-1610), La Flagellation du Christ à la colonne, vers 1607, huile sur toile. 
© Réunion des Musées métropolitains Rouen Normandie, musée des beaux-arts

Pour dire Caravage, son réalisme ténébriste, son empathique expressivité et sa liberté technique, Diederick Bakhuÿs, conservateur au musée des beaux-arts de Rouen, confronte deux versions de La Flagellation du Christ, peintes à Naples en 1607. Côte à côte, dans l’atmosphère carminée de leurs cimaises, entourés d’une dizaine d’œuvres évoquant les aînés, les pairs et les suiveurs du maître milanais (de Sebastiano del Piombo à Ludovico Carrache, de Battistello à Louis Finson), les deux Christ à la colonne, l’un acquis par le musée en 1955 et authentifié par Roberto Longhi, l’autre, issu des collections du Museo di Capodimonte, à Naples, s’attachent à l’instant qui précède le supplice du Christ. S’ils suggèrent tous deux le drame dans un espace restreint qui accentue leur proximité, ils campent deux visions de l’artiste. Le tableau de Rouen, probablement destiné à une dévotion privée, initialement attribué à Mattia Preti et moins doloriste que le tableau d’autel de Naples, présente le Christ sans couronne d’épines, de profil, le regard détaché. Dans le prolongement de cette mise en regard esthétique, une seconde salle présente les dernières analyses scientifiques du tableau rouennais, menées par le C2RMF. Expliquant avec clarté les procédés (réflectographie infrarouge, spectrométrie, etc.) qui permettent de déceler les repentirs du peintre, ces recherches révèlent la gestuelle spontanée du Caravage, et notamment ses incisions dans la matière picturale pour marquer les contours des visages, ou encore l’ajout de fonds sombres une fois la composition achevée, pour faire surgir ses personnages des ténèbres. C’est donc dans cette double approche artistique et technique que s’éclairent ces chefs-d’œuvre napolitains, ouvrant de nouvelles perspectives pour en saisir la genèse et sonder les mystères du maître qui reformula les codes de la peinture narrative.

« Caravage, un coup de fouet », musée des beaux-arts,
esplanade Marcel-Duchamp, Rouen (76), tél. : 02 35 71 28 40.
Jusqu’au 27 février 2023.
www.mbarouen.fr
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