Les divers mouvements picturaux de la seconde moitié du XXe siècle en France sortent enfin de leur purgatoire.
Cette vente proposait un large panorama des différentes mouvances, d’Atlan à Le Moal en passant par César et Devade, sans omettre les artistes étrangers installés en France, tels Poliakoff, Hantaï et Brauner. Un nom est moins connu du grand public, mais présent dans les catalogues de la maison versaillaise depuis quelques années, celui de Marc Devade. Philosophe et poète, engagé au parti communiste, il se consacre à la peinture à partir de 1966. Sa première exposition se tient peu après en 1970 à la galerie Le Haut Pavé, quai de Montebello ; la monographie comprend des textes de Marcelin Pleynet et Philippe Sollers, avec lesquels il avait travaillé à la revue Tel Quel, fondée en 1960 par Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier. Les premières œuvres en noir et blanc des années 1960 laissent peu à peu la place à un chromatisme très subtil et une géométrie rigoureuse, quasi architecturale avec ses plans, ses équerres, ses fenêtres, toutes les formes peintes en aplats. Son œuvre, à l’instar d’un Rothko, est poétique, évitant la sécheresse de son parti pris ; il rejoint le groupe support/surfaces dont il théorise les préceptes et, avec certains de ses membres, fonde la revue Peintures, cahiers théoriques. À 114 400 €, sur une estimation de 40 000/50 000 €, cet acrylique de 1970 obtenait le record pour Marc Devade, confirmant l’opinion de Marcelin Pleynet : «Ses meilleurs tableaux ne vieillissent pas». Autre figure du XXe siècle français, Jean-Michel Atlan (1913-1960) obtenait quant à lui 101 400 €. Pour l’abstraction lyrique, on retient une huile sur toile de Jean Le Moal (1909-2007), L’Orage (1957-1958, 116 x 88,5 cm), qui dépassait allègrement son estimation de 30 000/40 000 € pour atteindre 74 100 €. Un beau résultat pour un artiste qui affirmait qu’«une toile commence à vivre quand les rapports de couleur créent une lumière».