Deux œuvres magistrales ont évoqué les années vouées au cubisme par le peintre de Montparnasse, mettant en scène des objets du quotidien vus dans ce prisme novateur.
Vue dans la Gazette n° 42 (voir l'article Une nature morte d’Henri Hayden de la collection Conrad Moricand, page 44), la rare Nature morte cubiste à la bouteille de chianti brossée par Henry Hayden en 1920 a été finalement appréciée à hauteur de 204 600 €, soit plus de deux fois son estimation haute. La toile (65,5 x 81 cm) témoigne avec brio des recherches formelles menées par l’artiste d’origine polonaise entre 1910 et 1922, date de son retour définitif à une certaine figuration. À ses qualités plastiques s’ajoutait une provenance séduisante : celle de la collection du dandy Conrad Moricand (1887-1954), personnage haut en couleur du Paris de l’entre-deux-guerres. Du même Hayden, et d’un pedigree identique, on pouvait aussi décrocher la Nature morte à l’échiquier et au journal des alentours de 1915, soit un collage, gouache et aquarelle signé deux fois en bas à droite (41 x 55 cm). Cette période correspond à une grande proximité avec Juan Gris, qui utilise le même quotidien Le Journal pour ses créations. Bientôt intégrée (comme la précédente) au catalogue raisonné de l’artiste préparé par Laurence Le Cieux, cette composition caractéristique inscrivait 28 520 €. Joseph Morris Raphael, lui, a quitté sa Californie natale pour étudier à l’École des beaux-arts de Paris, avant de résider en France jusqu’à son retour aux États-Unis en 1939. Artiste postimpressionniste, il était ici l’auteur de Champs fleuris, figurés à larges touches à l’huile sur carton (34 x 42 cm), et achetés pour 17 360 €. D’une facture plus réaliste, Pierre de Belay décrivait une Scène de marché à Pont-l’Abbé, sur une toile datée de 1925. Ce jeune Breton autodidacte a peint sur le motif à Paris, et surtout en Bretagne. Instantanés de la vie quotidienne, bateaux à quais et marins ont eu ses préférences. Quant à l’œuvre présentée ici, elle a été adjugée 12 150 €.